Les Maîtres Enlumineurs – Tome 2/3

Je continue la découverte de cette trilogie de Robert Jackson Bennett, avec Le retour du hiérophante, paru en 2021 chez Albin Michel Imaginaires. Alors que le premier volume nous permettait de découvrir un univers riche et original, la barre était haute pour maintenir le niveau. Exercice réussi avec ce retour gagnant.

Retour à Tévanne…

Lorsque nous avions quitté Tévanne, à la fin des Maîtres Enlumineurs, Sancia Grado, la voleuse monte-en-l’air et Gregor, fils d’une grande famille et flic, ont été à l’origine de la chute d’une des quatre maisons marchandes… Il semble néanmoins importants de replanter un peu le décor de cet univers riche créé par Robert Jackson Bennett, à qui l’on doit notamment American Elsewhere ou encore Vigilance dont nous avons déjà parlé…

La ville de Tévanne vit au quotidien avec la magie, mais pas la magie qui est capable de déformer sans raison aucune et sans explication aucune les lois de la physique… A Tévanne, les objets enluminés sont persuadés d’être dans un autre état : par exemple, les flèches enluminés vont prendre de la vitesse et avoir un impact plus important car l’enluminure les a persuadé qu’elles sont en train de chuter (et donc application de la loi de la gravité) et non à l’horizontale. L’enluminure permet aussi de convaincre du bois qu’il est du métal. Bref, vous avez compris le principe.

Dans ce monde qui était régi par quatre grande maisons, Sancia Grado et sa plaque dans la tête ont l’étrange faculté de pouvoir “discuter” avec les objets enluminés et une de ses missions la mettra en contact avec Clef, une clef enluminée largement traquée par de nombreuses personnes.

Nous retrouvons le petit groupe quelques années après la fin du premier volume, groupe auquel il faudra aussi rajouter Orso et Bérénice, à la tête d’Interfonderies, une maison ou entreprise qui va s’intéresser aux enluminures mais, et c’est la grande différence avec les maisons existantes, avec pour objectif de les démocratiser et de permettre à tout le monde de pouvoir bénéficier des plus grandes avancées.

Nous les rencontrerons d’ailleurs à un moment où l’équipe a réussi à fabriquer un objet enluminé qui devrait permettre de faciliter le fonctionnement des objets enluminés… Nous les retrouvons au moment où ils proposent cette nouvelle invention à la maison Michiel

… qui doit faire face à une nouvelle menace !

La volonté humaniste des membres d’Interfonderies va se retrouver opposée en long, en large et en travers par les Maisons qui ne souhaitent pas voir leur pouvoir sur la population faiblir. Au-delà de cette situation économique / politique, la relation entre Gregor et sa mère – à la tête d’une des trois Maisons restantes – sera essentielle dans ce récit…

Mais ce n’est pas le plus grand danger auquel est confronté Sancia et les siens…Valeria, la création hiérophante qui est intervenu dans le premier roman, appelle la jeune femme à l’aide car “il arrive”. L’inquiétude perçant dans le ton de la créature va pousser le groupe à répondre à l’urgence. Il semble qu’un hiérophante, entendez par-là un magicien proche de la déité, fait route vers Tévanne et risque de mettre à genoux la ville.

On ne peut pas contrôler l’innovation ! On ne peut pas structurer la manière dont les gens inventent ! Ce n’est pas comme ça que ça marche ! Créer et inventer est un processus laid, stupide, aléatoire et dangereux, à l’image de l’humanité. La plupart des trucs vraiment brillants que j’ai découverts l’ont été par pure coïncidence ! On ne peut pas imposer l’ordre à une chose qui est, dans les faits, le désordre incarné.

Orso

Le hiérophante arrive par la mer et malheureusement, il ne pourra être arrêté, laissant dans son sillage énormément de morts.

Dans ce deuxième volume des aventures de Sancia et Gregor, nous retrouvons tout ce qui avait fait le succès, à mon sens, du premier volume. Cette magie est capable de tout et l’auteur s’amuse à construire de nouveaux sorts, de nouvelles possibilités, réussissant à nous surprendre page après page.

L’histoire semble moins linéaire, avec le sentiment d’avoir plutôt une succession d’actions qu’une lutte uniforme (c’est clair ce que je dis ?) : cela permet d’en apprendre plus sur les différents personnages, sur leur histoire et sur l’histoire aussi de l’enluminure.

Il y a un sujet vraiment intéressant sur la relation entre Crasedes Magnus, le hiérophante, et ses créations que ce soit Clef ou Valeria. Il est vraiment intéressant de voir comment l’auteur arrive à nous surprendre, nous faisant un pied de nez quant aux certitudes que nous pouvions nous être forgées.

J’ai ressenti le même plaisir de lecture dans les deux premiers, me donnant une étrange impression : si dans le premier, une maison était en danger, et dans le deuxième une ville… Dois-je en déduire que le monde va devoir résister dans le dernier ?

Albin Michel Imaginaires (01 octobre 2021) – 626 pages – 25,90€ – 9782226441522
Traduction : Laurent-Philibert Caillat (Etats-Unis)
Titre Original : I (20xx)
Couverture : Didier Graffet

Une des quatre maisons marchandes de Tevanne est tombée. Sancia Grado et ses associés ont non seulement changé l’histoire de la cité, ils ont aussi créé Interfonderies dans le but de démocratiser l’art magique de l’enluminure. Mais la jeune entreprise a beau accomplir des prouesses, celles-ci ne suffisent pas à la maintenir à flots. La concurrence est rude, et les grandes maisons marchandes de Tevanne sont prêtes à tout pour écraser Sancia et l’idéal qu’elle représente.

C’est alors qu’une ancienne puissance vogue en direction de Tevanne : un hiérophante. Un adversaire qui connaît et maîtrise l’enluminure mieux que personne, fasciné en outre par Sancia et ses pouvoirs. Pour survivre à cette menace et sauver ceux qu’elle aime, la jeune femme devra percer le secret le mieux gardé de l’univers, : celui des origines de l’enluminure.