Les Maîtres Enlumineurs – Tome 1/3

Paru il y a maintenant près de deux ans, le cycle des Maîtres Enlumineurs a vu le dernier volume paraître en avril de cette année aux éditions Albin Michel Imaginaire. L’auteur Robert Jackson Bennett n’est pas inconnu puisque je vous avais déjà parlé de American Elsewhere et Vigilance et nous avions pu l’interviewer.

Un vol pour découvrir la Cité…

Nous sommes à Tevanne, une cité complexe où plusieurs familles se répartissent les quartiers, laissant une partie de la population sur le carreau. Evoluant dans les quartiers les plus pauvres, Sancia Grado profite de ses talents de voleuse pour survivre, s’appuyant sur un don particulier qu’elle possède l’aidant à percevoir un certain nombre de choses sur les objets qu’elle touche. Ce don lui permet, entre autre, de pouvoir ouvrir les portes et cadenas mais aussi de pouvoir identifier différentes choses bien pratique pour fuir ou pour se protéger.

Lorsque nous la rencontrons, elle est en pleine mission pour aller dérober sur le front de mer une boîte, un objet pour une des maisons. La mission se déroule plutôt bien, malgré quelques accrochages, et elle réussit à récupérer l’objet convoité. Pour cela, elle aura suffisamment mis le bazar dans le quartier pour attirer l’attention d’un flic épris de justice, ce qui est plutôt rare…

Il y a toujours un moyen. Une création complexe implique davantage de règles, qui impliquent à leur tour davantage de failles.

Ayant un doute sur sa mission, Sancia outrepassera ces règles habituelles pour regarder quel est cet objet avec autant de valeur et découvrira que la clef – puisqu’il s’agit d’une clef – que la boîte contient représente un danger important pour Tevanne… Et pour elle, par la même occasion puisqu’elle pressent que son crime devra être masqué. Rapidement, elle va se rendre compte que l’objet qu’elle détient désormais pourrait remettre totalemetn en cause l’équilibre de la Cité, voire de la détruite totalement.

… et une forme de magie originale

Ce qui est vraiment intéressant dans cette trilogie, ou en tout cas dans le premier volume de cette trilogie, c’est la façon dont se présente la magie. Ici, il ne s’agit pas d’un pouvoir détenu par quelques personnes, mais bien d’un système pensé et construit qui va nécessiter des connaissances particulières. Un certain nombre d’objets sont donc “magique” ou “enluminés” pour être plus précis, sans pour autant remettre en cause les règles de la physique. Et c’est bien ce système qui je trouve, apporte toute sa saveur et montre l’imagination de l’auteur.

Si nous prenons le principe des flèches, on sait que les flèches sont envoyés avec une force vers l’avant et qu’au fur et à mesure, la pesanteur faisant son effet, la flèche va finir par tomber. Le principe de l’enluminure est de faire croire à la flèche ou en tout cas de lui faire comprendre qu’elle tombe verticalement, en étant propulsé horizontalement… Et donc qu’elle doit respecter la consigne physique de la gravité (elle a donc une portée très importante et la vitesse qui va avec)..

Toute cette magie est au cœur de l’histoire et nous découvrons page après page de nombreux objets et leurs fonctionnements sans que Robert Jackson Bennett ne perdent trop de temps sur le sujet. Quelques précisions sur l’histoire de la Cité, les limites des enluminures et règles de bienséance nous permettent d’appréhender un monde complexe.

Nous comprenons aussi, au fur et à mesure de l’aventure, que cette magie n’est pas totalement maîtrisée et que, pour beaucoup, il ne s’agit que de copier des éléments découverts, le secret de la création des enluminures semblant rattachée à des grands anciens qui ont tout inventé et qui ont désormais disparus…

Dans ce milieu, le personnage de Sancia, elle-même enluminée par une plaque dans la tête, va devoir affronter les quatre maisons, et tenté de comprendre qu’elle est cette étrange clef. Car au-delà de sa puissance et de sa magie, une relation particulière s’établit entre les deux, et cette relation sera primordiale pour survivre aux différentes épreuves.

Pour résumer, ce premier volume plante le décor d’une Cité qui ne demande qu’à s’étendre et à nous emmener encore plus loin dans cette magie-scientifique des plus originales.

Albin Michel Imaginaire (Novembre 2021) – 633 pages – 24,90 € – 9782226441515
Traduction : Laurent Philibert-Caillat
Titre Original : Foundryside (2018)
Couverture : Luc Doligez

Toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado est une jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures. Engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, elle ignore que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Poursuivie par un adversaire implacable, Sancia n’aura d’autre choix que de se trouver des alliés.