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La Diagonale des reines de Bernard Werber

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Cela faisait bien longtemps que je n’avais lu un roman de Bernard Werber, et j’avoue avoir été intrigué par cette réédition au Livre de Poche de ce roman d’abord paru chez Albin Michel. Alors, la couverture de La diagonale des reines, en référence aux échecs m’a attiré l’œil. Le quatrième parlant de cette opposition de deux femmes dans deux visions du monde m’a attiré aussi je dois bien l’avouer. Au final, je reste sur ma faim…

Deux femmes que tout oppose…

La thématique du roman est abordée dès les premières pages avec cet extrait de l’Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu qui nous explique ce qu’est la Némésis à savoir – et pour faire simple – l’exact contraire de l’âme sœur. Alors, on se doute fortement que la relation entre Nicole et Monica ne sera pas des plus tendres mais nous sommes loin d’imaginer ce que cela pourrait donner dans notre Histoire (avec un grand H).

D’un côté de la planète, en Australie, nous avons la jeune Nicola O’Connor, d’origine irlandaise, qui réside avec son père dans un ranch. Sa vie se fait dans une forme de luxe puisque son père a fait fortune dans le commerce du mouton. Depuis son plus jeune âge, la jeune femme a besoin d’attention, elle n’est pas capable de rester seule et croit dans le pouvoir du collectif. D’ailleurs, son prénom ne vient-il pas du grec qui veut dire “Peuple Victorieux” ? Mais elle souffre d’un mal, l’autophobie, qui fait qu’elle ne supporte pas d’être toute seule et de ne pas être au sein d’un collectif qui la voit.

Ainsi, rien qu’en regardant la forme des pupilles, on peut savoir si on a affaire à un prédateur ou à une proie

Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu

De l’autre côté de la planète, aux Etats-Unis, nous avons la jeune Monica Mac Intyre, d’origine écossaise, qui vit avec sa mère à New-York, a une vie moins faste (ou en tout cas, on ressent moins ce faste). Depuis son plus jeune âge, elle fuit le collectif, elle n’est pas à l’aise en société et croit dans le pouvoir de l’individu pour changer le monde. Son prénom, issu lui aussi du grec, signifie “Seule”. Elle aussi souffre d’un mal, l’anthropophobie, qui fait rend la présence d’autres personnes insupportable pour elle, au niveau hantise.

Donc vous l’aurez compris, tout les oppose : une d’origine irlandaise, l’autre écossaise ; une plutôt riche, l’autre plutôt pauvre ; l’une en Australie (sud), l’autre aux Etats-Unis (nord) ; l’une croyant au collectif, l’autre à l’individu; l’une élevée par son père, l’autre par sa mère ; l’une autophobe, l’autre anthropophbe… Et il y a d’autres exemples, bien entendu…

Pourtant, elles ont aussi un certain nombre de points communs malgré tout. Tout d’abord, elles sont toutes les deux orphelines et ont donc été élevés par le parent survivant. D’ailleurs, il est à noter que ce parent survivant est capable d’accepter beaucoup de choses de leur progéniture… Et on en vient au deuxième point commun : ce sont quand même de sacrées sociopathes ! Que ce soit la scène avec le chien de berger côté Nicole ou la scène au collège du côté de Monica, on sent dès leur plus jeune âge que cela ne va pas être fun pour ceux et celles qu’elles croiseront ! Une passion aussi pour les bilans de fin d’année même si leur approche est à l’exacte opposée. Et bien entendu, leur passion pour les échecs…

… et une passion commune pour les échecs…

Il semble que les échecs semblent les réunir autour d’une passion commune même si nous avons du mal à comprendre pourquoi tant l’extrapolation à l’histoire autour de ce jeu ancestral semble capillotracté…

Les deux jeunes femmes sont poussées par leur parent respectif à focaliser leur énergie sur le jeu, et elles arrivent à développer chacune dans leur coin des techniques radicalement différentes s’appuyant sur leur mode de pensée (pas surprenant) : la force des pions côté Nicole, celle des pièces côté Monica. Leur première confrontation a lieu très tôt et ne se déroule pas de la meilleure des façons.

Tu as pu constater que plusieurs pions unis arrivent à bout de toutes les pièces, même les plus puissantes. Et ils finissent par renverser les reines et les rois. Crois-moi, à la fin le peuple gagne.

Team Nicole

Cette dualité est le début d’un combat qui durera tout au long du récit, toujours sur fond d’échec même si je n’ai pas trouvé particulièrement le rapprochement heureux. J’ai plus eu le sentiment d’un artifice qui ne tient pas sur la longueur (mais cela est un autre sujet). La réalité est que cette opposition va se dérouler à travers le monde et va interagir directement sur l’Histoire telle que nous la connaissons, depuis certaines actions de l’IRA, jusqu’aux attentats du 11 septembre.

Service Secrets (américains versus russe), histoire européenne et mondiale, Pakistan, et autres nations ne semblent être que des pièces d’échec qui sont déplacées sous l’esprit manipulateur et calculateur des deux jeunes femmes qui ne reculent devant rien pour piéger leur adversaire.

… dans un roman qui peine à convaincre

C’est en refermant le livre que ce sentiment surgit. On tourne page après page le duel entre les Nicole et Monica, et suivons les différents échanges où elles se rendent coup pour coup. Pour autant, tout devient de plus en plus improbable, trop gros pour être réaliste et totalement peu crédibles. Les personnages sont “trop” : trop violente, trop extrêmes, trop binaires et cela manque d’un peu de gris… Impossible de s’attacher ni à l’une ni à l’autre !

Si on rajoute là-dessus que leur entourage n’est pas mieux soigné, je pense notamment au père de Nicole qui a un lien improbable avec l’IRA, et on se dit vraiment que c’est trop.

Alors et paradoxalement, le livre se lit très bien, vite, ai bien construit et nous fournit un moment de détente mais il n’en reste finalement pas grand chose à la fin… ou plutôt à la non-fin (vous comprendrez en lisant). La touche d’imaginaire se limite à imaginer que les deux femmes aient autant pu agir sur notre histoire.

Et puis, en vrai, j’avoue être lassé de l’Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu

Le Livre de Poche (30 août 2023) – 487 pages – 9,70 € – 9782253244561
Couverture : Hernan E. Schmidt

Deux femmes. Deux destins, deux visions opposées du monde. L’une croit dans la force du groupe. L’autre en l’individualisme. Leur duel est inévitable. Laquelle aura l’avantage ?… Des années 1970 à 2050, entre guerres, attaques terroristes et espionnage, Nicole O’Connor et Monica Mac Intyre vont s’affronter sans répit et sans merci. Leur terrain de jeu s’étend aux quatre coins de la planète, devenue un échiquier géant dont les humains sont les pièces. Et si vous n’étiez qu’un pion entre leurs mains ? Dans ce roman puissant, porté par deux héroïnes exceptionnelles, Bernard Werber ajoute l’art de la stratégie à ses thèmes de prédilection pour nous entraîner dans une aventure contemporaine fascinante et visionnaire.


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