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Nox Irae d’Oksana et Gil Prou

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Durant ce mois de mars, le duo Oksana et Gil Prou nous propose, comme chaque année, deux romans chez Rivière Blanche de Black Coat Press… Les Soleils Noirs de Lysimakïa paraissant dans la collection « Blanche » et Nox Irae dans la collection noire.

Voyage en Sumer…

Pour cette nouvelle histoire fantastique aux temps des cités-états de Sumer, la vengeance sera au coeur du récit. Alors que la paix est loin d’être acquise et que des tensions fortes agitent les Cités états, Šuttarna surprend sa femme et son fils dans une relation sexuelle totalement incestueuse et adultérine.

Rendu fou par cette scène, le souverain de Šuruppak va tuer les deux amants sous le regard de sa jeune fille Ziušudreä. Les années passent et les tensions restent vivent entre les différents protagonistes politiques de Sumer. Un talisman pourrait régler pour de bon la situation et c’est donc Ziušudreä qui se lancera à la poursuite de cet élément aux pouvoirs importants.

Mais la jeune femme n’a pas oublié les événements qui ont frappé sa jeunesse… Gardant à l’esprit le drame qui l’a rendu orpheline de mère et lui a fait perdre son frère, elle essaie de reconstruire sa propre histoire, sa propre famille avec notamment les deux jumelles.

… pour une mythologie en terre inconnue

Comme souvent dans les récits de la collection noire de notre duo, le lieu et le temps de l’intrigue nous font largement voyager. Je pense que c’est la première fois que je lis un roman qui se tient à l’époque sumérienne et toute la mythologie et les déités qui entourent ces peuples et cette époque me sont totalement inconnus. C’est donc une première dimension d’originalité qui va nous permettre de voyager dans le temps à la découverte de nouvelles populations. J’avoue ne pas avoir eu le courage de vérifier la réalité des conflits et/ou du panthéon des dieux, vous me le pardonnerez.

La deuxième récurrence que nous trouvons souvent dans les textes d’Oksana et de Gil est une violence forte, qui déstabilise. Nox Irae ne dérogera pas à la règle et, si l’élément déclencheur vous a déjà mis mal à l’aise ou vous avez choqué par sa description, la fin risque de vous mettre en PLS. Le texte va se révéler dur à de nombreuses reprises, et les cœurs sensibles devraient passer leur chemin.

Les personnages se développent et se déploient tout au long des 250 pages, avec une montée en tension, qui est largement annonciatrice de la conclusion. Et c’est bien écrit même si j’avoue avoir eu du mal avec les noms des protagonistes :). Le personnage qui est notamment intéressant est celui de Ziušudreä qui malgré son vécu réussit à faire bonne figure vis à vis de son père tout en réussissant à construire sa propre histoire… Tout en ayant conscience des risques que cela peut entraîner.

Petit point plutôt anecdotique : le livre souffre par moment de défaut d’impression… Dit autrement, l’encre est « pale » pendant une cinquantaine de pages, plus quelques rechutes à certains moments, pas au point d’empêcher la lecture je vous rassure.

Black Coat Press (Mars 2024) – Rivière Blanche – 267 pages – 20 € – 9781649322852
Couverture : Lilian Liu

C’est à cet instant précis que tout bascula. Le sol venait de se métamorphoser. Totalement ! La mosaïque de briques cuites et vernissées était remplacée par une dalle transparente. Sous cette structure immatérielle, lisse et glaciale, rugissaient les fastes mortifères de l’Irkalla d’Ereškigal et de Nergal. Ziušudreä se positionnait ainsi à l’aplomb de l’Enfer. Elle surplombait l’Enfer. Elle était déjà en Enfer.

Vengeance !  Vengeance folle. Terrifiante. Absolue. Vengeance qui se nourrit de l’adultère et de l’inceste. Vengeance qui se traduit par le meurtre, le parricide, le massacre d’enfants innocents et le dépeçage de cadavres en guise d’offrande cannibale.

Sous le regard blême d’entités lucifériennes qui observent le ballet des vanités, des jalousies, des rancœurs et des détestations accumulées, le souverain de Šuruppak remplit son âme vengeresse de fiel. Lorsque le char du crime eut du sang jusqu’à l’essieu, vint alors l’heure du châtiment ultime en épitaphe d’une épopée sanglante cristallisée en une effroyable nuit vouée à la vengeance : Nox Irae !


2 réponses à “Nox Irae d’Oksana et Gil Prou”

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