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Plasmas de Céline Minard

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Le recueil de nouvelles Plasmas de Céline Minard est juste… déstabilisant. J’avoue ne pas trop savoir par quel bout prendre cette chronique pour rendre compte de cette lecture.

Des nouvelles qui forment un tout complexe

Première question qui m’est venu à l’esprit à la fin du recueil, et au vu des différentes parties de ce recueil, était de savoir si ce recueil avait une trame commune, et c’est un exercice que j’ai tenté de faire tout au long des histoires racontées : trouver un fil conducteur.

Cette recherche peut rendre la lecture difficile dans un premier temps… Jusqu’à ce que nous lâchions prise et nous laissions emporter par les différents récits, les accepter comme différents écho d’une vie et d’une planète qui se transforme.

Et nous comprenons alors que ce que nous propose Céline Minard – en tout cas de mon point de vue – c’est de réfléchir à ce que nous sommes en tant qu’être humain et comment nous nous positionnions dans ce monde en pleine transformation, que ce soit vis-à-vis de la nature et des autres animaux ou vis-à-vis de la transformation de notre monde et sa digitalisation.

Une grande variété de contextes

D’ailleurs, c’est du côté de l’Intelligence Artificielle que nous commençons avec ces Bjorgs, que nous imaginons être des yeux artificiels, en train d’ausculter dans le détail les mouvements des acrobates dans En l’air. Cette nouvelle donne le ton, nous rendant spectateur d’une étude que nous ne comprenons pas. Ce sentiment d’incompréhension nous suit d’ailleurs dans la seconde nouvelle Boules à neige et sa chute qui me laisse toujours perplexe.

Les nouvelles s’enchaînent avec toujours beaucoup de poésie, et un style qui accroche, vous voilà en train de voyager et de découvrir des portions de ce monde à venir. Nous découvrons la poésie des insectes et notamment, cette très belle nouvelle sur les papillons Casino Baldo, ou encore par cette volonté de rapprocher les espèces que nous sentons dans Grands Singes.

Mais si les nouvelles sont belles, elles ne sont pas exemptes de messages et de questionnement sur nos actions et leurs conséquences : je pense notamment à Grands chiens qui, dans le même temps, aborde la guerre (et le déplacement de population), la dimension écologique mais surtout la manipulation du vivant.

Un recueil définitivement à part

Pour conclure, ce recueil de Science-Fiction, paru dans une collection « blanche » est un recueil à découvrir absolument. Il est curieux, entraînant, atypique. Un recueil de nouvelles que je recommande fortement pour son côté innovant et dérangeant tout comme l’impression étrange qu’il laisse une fois la dernière nouvelle lue. Une vraie expérience de lecture :).

Rivages (Août 2021) – 160 pages – 17€ – 9782743653675

Céline Minard nous plonge dans un univers renversant, où les espèces et les genres s’enchevêtrent, le réel et le virtuel communiquent par des fils ténus et invisibles. Qu’elle décrive les mesures sensorielles effectuées sur des acrobates dans un monde post-humain, la conservation de la mémoire de la Terre après son extinction, la chute d’un parallélépipède d’aluminium tombé des étoiles et du futur à travers un couloir du temps, ou bien encore la création accidentelle d’un monstre génétique dans une écurie de chevaux sibérienne, l’auteure dessine le tableau d’une fascinante cosmo-vision, dont les recombinaisons infinies forment un jeu permanent de métamorphoses. Fidèle à sa poétique des frontières, elle invente, ce faisant, un genre littéraire, forme éclatée et renouvelée du livre-monde.


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