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Traverser la ville de Robert Silverberg

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La collection Dyschroniques proposée par Le Passager Clandestin, continue de nous proposer mois après mois des nouvelles d’auteurs anciens autour de sujets plutôt d’actualité. En ce mois de janvier, c’est Traverser la ville de Robert Silverberg, une nouvelle datant de 1973 qui fera réfléchir sur la ville autonome.

Un peu de contexte

Nous sommes donc aux Etats-Unis, dans un futur où il n’existe plus qu’une seule grande ville divisée en zones urbaines avec frontières plutôt marqués et un rejet de la zone urbaine voisine qui confirme ou en tout cas projette, que le racisme n’est pas près de disparaître !

Et dans ce monde où chacun de ces quartiers est autonome, l’hyper-industrialisation et la présence de nombreux informatisations / robotisations permet d’assurer à chaque zone urbaine la sécurité indispensable.

Mais voilà, dans le district de Ganfield, le programme informatique qui permet de gérer cette mécanique bien huilée a été volé par Silena Ruiz, au grand dam de son mari (en tout cas temporaire) qui se retrouve suspecter de complicité, et qui va devoir agir vite car Ganfield ne tourne plus rond.

Un monde hyper-dépendant à la technologie

Nous comprendrons très vite que la dépendance à la technologie rend la vie impossible sans ce programme informatique : la gestion des policiers-robots rendu impossible, c’est le risque d’une invasion et une augmentation de la peur pour les concitoyens, c’est aussi une impossibilité de bien gérer l’alimentation de la population et au-delà de ça, l’assurance de dysfonctionnements qui vont se multiplier…

Seule solution, envoyer celui qui connaît Silena récupéré le programme, d’autant plus qu’il n’est pas envisageable d’imaginer qu’il soit totalement étranger aux événements ou qu’il n’est pas eu vent de ce que voulait faire sa femme.

En quelques pages, Robert Silverberg construit et décrit un fantasme qui a habité l’esprit de nombreux contemporains : celle d’une ville mondiale. Mais loin de l’image positive qu’on pouvait imaginer, l’auteur nous plonge dans un système où le repli sur soi est beaucoup plus important, avec un manque d’acceptation et un rejet de l’étranger permettant toutes les dérives.

Pire, la dépendance à la technologie est mise ici en exergue rendant l’humanité – en tout cas dans le district de Ganfield – incapable de se débrouiller sans l’assistance des outils.

Un récit bien en avance sur son temps, qui trouve un écho dans notre société de contrôle et d’automatisation.

Le Passager Clandestin (Janvier 2022) – Dyschroniques – 96 pages – 7 € – 9782369354901

Le monde n’est plus qu’une seule et gigantesque cité divisée en plusieurs millions de zones urbaines contigües. Chacune d’elles se veut autonome, politiquement indépendante et dotée d’un mode de vie propre. Toutes sont sous la surveillance de redoutables « policiers-robots » qui en contrôlent les frontières et expulsent où suppriment tous les indésirables. Ces différentes zones, qui ont entre elles des contacts limités et souvent hostiles, confient toutes leur maintenance et leur sécurité à un programme central. Et lorsque ce programme vital est dérobé, rien ne va plus…

Dans cette fable où l’alliance inquiétante de la dépendance technologique et du repli identitaire paraît ne pouvoir déboucher que sur le chaos annoncé, Silverberg s’empare du grand fantasme du village planétaire pour poser la question de la surpopulation à l’ère des villes-machines du capitalisme.


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