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Une vie de Saint de Christopher Siébert

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Mertvecgorod 4 – Service de Presse

Depuis 2020, Christophe Siébert nous fait découvrir l’univers de Mertvecgorod. L’histoire de la mégalopole qu’il a inventée est tun univers tellement vaste qu’un seul éditeur n’est pas suffisant. Si Une vie de Saint est le quatrième de la série après Images de la fin du monde, Feminicid et Valentina chez Au Diable Vauvert, on peut retrouver trois titres supplémentaires autour de la RIM : Hram chez Gore des Alpes (2023), Vive le feu aux éditions Zone 52 et Volna du côté de chez Mu. On retrouve tout ce qu’on a apprécié, tout particulièrement dans les deux premiers volumes dans ce nouvel opus… Un titre que je ne recommanderais pas à un public mineur et/ou non averti !

République Indépendante du Mertvecgorod

Pour ceux et celles qui n’auraient pas suivi le cycle depuis ses origines, resituons ce qu’est la République Indépendante du Mertvecgorod ou RIM. Suite à la chute du bloc soviétique au début des années 90, un certain nombre d’anciens pays ont pris leur indépendance… C’est aussi le cas de la RIM, qui se retrouve coincé entre son passé soviétique et sa volonté de profiter du libéraliste et du capitalisme.

Le choix est rapidement fait par les dirigeants d’orienté les revenus de la ville sur le traitement des déchets… De tout ordre. Comme nous le découvrirons dans les premiers titres de Christophe Siébert, la corruption est partout. Mais ce n’est pas le seul élément qui est troublant dans cette région du monde : des phénomènes étranges et peu naturels ont lieu.

Celle-là, ils s’y soumettaient avec la plus grande ferveur, en devenaient les esclaves absolus : je veux parler de la tyrannie impérieuse de leur bas-ventres, de leur jouissance. Plus ils se croyaient affranchis, plus leur concupiscence les emmurait dans la cellumle obscure de leurs instincts.

Lorsque nous avons découvert cette République, dans Images de la fin du monde, un terrible attentat avait été commis, revendiqué par Svatoj, et son organisation terroriste le SIT.

Pour autant, l’histoire de Nikolaï ne se limite pas à cet acte aux conséquences dramatiques pour la jeune république. Au travers de cette Vie de Saint, Christophe Siébert met en avant toutes les contradictions d’une société qui continue à déraper…

A la découverte du Svatoj

Après nous avoir fait découvrir l’histoire du Mertvecgorod au travers d’une palette de personnages, puis sous forme d’enquête dans Feminicid, l’auteur axe totalement son nouveau roman sur un des personnages emblématiques de la RIM. Loin de nous le présenter de façon manichéenne, nous découvrons un personnage complexe et charismatique.

L’histoire du géant (car il fait plus deux mètres) commence par une presque-noyade. Alors qu’il survit, contrairement à son frère, Nikolaï croise la route de la Belle Dame. Il ressort de cette expérience une religiosité et ce sentiment d’être élu et doté de pouvoir.

Ses pouvoirs lui permettent de guérir les maux, notamment en baisant (pas trop mot possible au vu des descriptions des scènes). Rapidement, il va se retrouver le porteur d’un discours New-Age et son histoire le rapprochera du pouvoir de la RIM. C’est là qu’il devissera, plongeant dans les affres d’hommes et de femmes de pouvoir qui rien n’arrête.

Car le mysticisme de la Belle Dame n’est pas le seule qui existe et d’autres forces puissantes sont à l’action. C’est notamment le cas de la roche noire, qui rend les politiques de l’état, notamment le clan des Quatres, invincibles. Mais la contrepartie est terrible : pour conserver leurs pouvoirs, les puissants dovient aller toujours plus loin dans l’abjection… Tortures, viols, démembrements sont monnaie courante et Christophe Siébert va loin dans la description… Trop loin ? Il est certain que le récit ne sera pas du goût de tout le monde et que la tentation de refermer par moment le livre se fait sentir… Pourtant cette violence n’est jamais gratuite, montrant toute l’horreur humaine…

Une forme de rédemption ?

Pendant une grande partie du récit, nous voyons le Svatoj dont la Belle Dame semblait être une force « positive » se livrer aux mêmes dérapages que les adeptes de la Roche Noire. Pire que tout, Nikolaï semble avoir oublié le peuple. Jusqu’au moment où il se réveillera et deviendra se voudra être le représentant des pauvres, des laissers pour compte. Il est désormais question de révolution, de rejet du pouvoir et donc de la création du SIT.

L’humain, l’unique autoprédateur de tout le règle du vivant. Son propre prédateur et sa propre proie. Cette contradiction ne figure au programme d’aucune autre espèce.

La question de la rédemption du personnage est centrale dans cette deuxième partie du récit. Les trames des deux premiers volumes au Diable Vauvert se retrouvent dans cette opus, plus linéaires, qui nous présentera donc l’histoire de la RIM sous un autre angle.

Mais le récit n’est pas pour tout le monde. L’extrême violence de cette élite se reflète dans des scènes où sang, sperme et viscères se mêlent jusqu’au dégoût. Peu de choses sont cachées, rendant cette série définitivement fermée à un public non averti.

Cette lecture ne peut que vous laisser un goût étrange : le sentiment d’avoir été le témoin de toute l’horreur de l’humanité, nous rendant complices de ces abominations.

Je ne sais pas jusqu’où Christophe ira, mais pour l’instant aucune raison d’arrêter de le suivre !

Au Diable Vauvert (13 février 2025) – 486 pages – 24,50 € – 9791030707205
Couverture : Olivier Fontvieille

Des années 1970 à nos jours, Une vie de saint raconte la vie d’un antihéros autant inspiré de Raspoutine que de Yukio Mishima, dont les aventures violentes et romanesques révèlent l’histoire cachée d’un minuscule état fictif coincé entre Russie et Ukraine.


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