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Hram de Christophe Siebert

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Depuis quelques temps déjà, Christophe Siebert nous fait découvrir ses chroniques du Mertvecgorod, et nous avons déjà découvert Images de la fin du monde, Feminicid et Valentina, tous trois aux éditions Au Diable Vauvert.

Loin de vouloir quitter son univers, l’auteur nous propose deux nouveaux textes – Hram et Vive le feu, deux textes complémentaires au cycle principaux en attendant Volna qui sera chez les éditions Mnemos

Besoin de resituer le Mertvecgorod ?

Pour rappeler un peu quelques éléments de contexte, pour ceux et celles qui n’auraient pas tout suivi, le bloc soviétique s’est effondré au début des années 90, entraînant l’autonomie d’un certain nombre de pays (et cela c’est de la vraie histoire). Ce qui l’est moins, bien sûr, est la création de la République Indépendante du Mervecgorod (ou RIM), inventée de toute pièce par Christophe et dont l’histoire va nous être contée à différentes époques et périodes.

Devenue autonome, la RIM a rapidement trouvé le domaine qui lui permettra de peser ou à tout le moins d’exister : le traitement des déchets biologiques et nucléaires (notamment) lui permettent de développer une économie forte qui s’appuie aussi sur un certain nombre de commerce “officieux”.

Par rapport aux autres récits, nous sommes un peu plus loin dans l’histoire, en 2035, et certaines choses ont changé. Notamment, le RIM va vouloir rendre hommage aux victimes de la libération du pays, avec de nombreux et nombreuses morts et mortes, notamment du côté des Carpates et de l’Oural.

Pour réussir cette difficile mission, à savoir découvrir les différents charniers et pouvoir mettre des noms sur les victimes, il va falloir utiliser des moyens technologiques avancés et travailler d’une certaine façon à la chaîne pour permettre d’atteindre des objectifs qui ne sont pas toujours très clairs.

Deux types d’acteurs interviennent dans cette entreprise de mémoire importante aux yeux du gouvernement. D’un côté, dans le RIM, des salariés opèrent depuis chez eux pour piloter des drones à distance et naviguer dans les différentes zones avec l’espoir de trouver des cadavres des citoyens et citoyennes qui ont tenté de quitter le pays, et qui n’y sont pas parvenu.e.s, pour une raison ou une autre. De l’autre, une équipe sur le terrain prendra la relève pour aller récupérer les corps et, grâce à des capacités augmentées, identifier à qui appartiennent les corps identifiés.

Le Léviathan ne rêve pas. Cela fait bien longtemps qu’il ne rêve plus, mais qu’il est le rêve, qu’il l’est en tant que territoire aussi bien qu’activité. Neurones, synapses, réseaux, influx, le Léviathan est tout ça. Le Léviathan attend ; et il est le rêve.

Deux employés, une même exploitation

Sous la direction d’une personne, entité, difficile de le déterminer, appelée “Kontrol”, les différentes équipes se coordonnent pour obtenir le maximum de résultat.

Ce décor planté, Christophe nous propose de nous focaliser sur deux personnages dans ce court récit qui va nous permettre d’en découvrir un peu plus sur ce pays inventée.

Nous suivons tout d’abord une mère célibataire qui va, de façon à permettre à la famille de se nourrir, travailler pour Kontrol en qualité d’opératrice de drone. La voici donc chargé de piloter un drone à distance, pour détecter les lieux des différents carnages, sans quitter son salon. Plus que son rôle dans l’entreprise, ce qui nous étonne est le modèle de société que propose le Mervecgorod. En effet, la jeune mère se retrouve avec un emploi vital pour elle et, là où nous pouvons imaginer une grande volonté d’humanisme à retrouver l’identité des victimes de la guerre d’indépendance, nous nous rendons compte qu’il ne s’agit que d’une démarche politique… La mère de famille, pour pouvoir conserver son poste, doit accepter des choses inacceptables, qui ne sont pas sans faire un petit clin d’oeil à la modification du code de travail et notamment les différentes loi El Khomri… Si vous voulez comprendre le fractionnement du temps de travail dans son expression la plus sympathique, le contrat de notre mère devrait être suffisamment explicite. Bref, vous découvrirez le personnage qui, à distance, va subir la violence des événements passés, sans qu’une échappatoire ne semble se dégager…

Deuxième personnage, un ancien chauffeur de métro qui a subi des augmentations de son cerveau pour lui permettre de piloter plusieurs lignes de métros de façon simultanée. Si cette idée lui a permis dans les débuts de la République de pouvoir trouver du travail facilement, les problèmes financiers de l’état et les effets secondaires des implants ont eu pour conséquence de le pousser vers la sortie. Suite au signalement d’un étrange temps par la mère de famille, lui et son équipe se retrouvent sur un charnier un peu particulier. Son rôle sera, grâce à ses implants, de découvrir l’identité des différentes victimes par simple toucher et recoupage avec les fichiers centraux.

Le roman est paru chez Gore des Alpes, un éditeurs d’horreur / gore suisse, et je confirme que ce récit effrayant y a toute sa place. Christophe nous propose à nouveau un texte fort dans ce pays qu’il ne quitte plus depuis 2020 pour nous en présenter les différentes facettes. En quelques pages, une centaine, nous découvrons avec toujours autant de violence cette République qui n’hésite pas à sacrifier ses populations pour de pures volontés de communication ou politiques…

Un récit qui fait – à nouveau – froid dans le dos.

Gore des Alpes (Juin 2023) – 110 pages – 17 CHF – 9782970162322
Couverture : Ludovic Chappex

Mertvecgorod, 2035. Une mère célibataire, opératrice de drone qui travaille à domicile, et un ancien chauffeur de métro triplement pucé, à l’empathie aug- mentée, ne se connaissent pas mais participent à la même mission, coordonnée par le mystérieux Kontrol : explorer les Carpates à la recherche de cadavres, afin de les identifier et, le cas échéant, les rapatrier à Mertvecgorod pour qu’ils reçoivent une sépulture décente. Cette tâche fastidieuse, éprouvante, traumatisante et sous-payée les entraîne au bord de la folie. Mais c’est quand ils seront confrontés au Temple que les véritables ennuis commenceront.


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