Découverte des éditions de la Table Ronde de mon côté, avec cet excellent roman de Jérôme Leroy, qui, pourtant, n’est pas d’un grand optimisme quant à notre futur…
On plante le décor…
L’univers que nous décrit Jérôme Leroy est loin d’être réjouissant. Lorsque nous commençons le récit, les catastrophes naturelles sont devenues monnaie courante alors que personne n’a su prendre les décisions qui nous permettrons de survivre à plus long terme… Et une en particulier puisqu’un typhon ravage l’Île de France où se trouve l’éditeur Alexandre Garnier. Nous découvrons les torrents de boue et d’eau qui dévaste la rue de l’Odéon et comprenons vite que cela n’a pas fini de se produire.
Et comme si ce malheur n’était pas suffisant, la politique est aussi partie en sucette : il est question de libanisation de la France (terme utilisé dans le récit), entendez par là que des combats de rue ont lieu partout en France. La cause ? Une libéralisation de l’usage des armes par un gouvernement populiste au possible.
Rouen, depuis ma dernière rencontre avec Amélie Vivonne, a été prise et reprise par différentes factions. Il y a eu les Groupes d’Action Antifascistes, les G2A comme on les appelait de manière plus familières. Puis une alliance apparemment contre nature entre les Forces Nationalistes France-Europe et les milices salafistes venues de différents départements de la couronne parisienne.
Cela donne quoi ? Des combats entre différentes milices, régionalistes et nationalistes (comme Nation Celtes) mais aussi fascistes, religieuses et même technologique avec les adeptes de la Grande Panne. Rien ne va plus et chaque coin de rue peut marquer la fin de votre vie citoyenne et de votre vie tout court d’ailleurs.
Bref, le futur est loin d’être plaisant (d’un autre côté, l’actualité semble dépasser la fiction sur ce domaine).
Poésie et onirisme ?
Dans ce monde au bord de la rupture, Alexandre Garnier se remémore son ami Vivonne, et la poésie de ses écrits. Il faut dire que cet homme n’a laissé personne indifférent et l’impact des écrits de Vivonne sur ces lecteurs et lectrices semblent être la bouffée d’optimisme dont tout le monde a besoin.
Mais voilà : Vivonne a disparu de nombreuses années auparavant, en 2008 pour être précis, et il semble impossible de remonter la piste.
Pourtant, Alexandre va se lancer, conscient qu’il a une dette vis-à-vis de son ami, et désireux de comprendre. Dans sa recherche du poète, il croisera la route de différents protagonistes qui l’ont croisé à un moment ou un autre, ont partagé une partie de son histoire et découvre de plus en plus de faits étranges…
Un récit à plusieurs voix
Le récit de Jérôme Leroy fait donc la part belle à la mission que s’est donnée l’éditeur. Mais nous découvrirons au fur et à mesure des rencontres, des personnages qui ont des choses à partager. A commencer par des lecteurs mais aussi des bibliothécaires, des communautés, qui décrivent tous un homme en décalage avec le monde. Pire, il semble avoir réussi à trouver un moyen de passer vers un monde plus apaisé et n’a pas hésité à y emmener différentes personnes en souffrance.
Nous croiserons aussi le chemin de Chimène, renommée Chimère, dans son quotidien au sein de Nation Celte, nous permettant de percevoir la réalité des combats.
Difficile d’expliquer ce roman avec plus de détail. Nous surfons entre les remords / les regrets d’Alexandre Garnier, la colère de Chimène et la magie qu’a su développer Vivonne. Une magie qui tend à nous donner un peu d’espoir quant à une possibilité d’évasion d’un monde qui nous échappe totalement.
Le récit est déroutant, magique.
Vivonne est le premier roman que je lis de Jérôme Leroy… Et définitivement pas le dernier.
Editions La Table Ronde (Janvier 2022) – 416 pages – 22 € – 9782710388982
Alors qu’un typhon dévaste l’Ile-de-France, l’éditeur Alexandre Garnier contemple le cataclysme meurtrier depuis son bureau, rue de l’Odéon : une rivière de boue coule sous ses fenêtres, des rats surgissent des égouts. Le passé aussi remonte à la surface. Devant ce spectacle de fin du monde, Garnier se souvient de sa jeunesse et surtout de son ami, le poète Adrien Vivonne, auteur entre autres de Danser dans les ruines en évitant les balles.
Garnier a publié ses livres avant que celui-ci ne disparaisse mystérieusement en 2008, il y a presque vingt ans. Qu’est devenu Vivonne ?
Partout en Europe, la « balkanisation climatique » sévit et les milices s’affrontent tandis que la multiplication des cyberattaques fait craindre une Grande Panne. Lancé à la poursuite de Vivonne, Garnier essaie de le retrouver avant que tout ne s’effondre. Est-il possible, comme semblent le croire de plus en plus de lecteurs dans le chaos ambiant, que Vivonne ait trouvé un passage vers un monde plus apaisé et que la solution soit au coeur de ses poèmes ?