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Avant la forêt de Julia Colin

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Il est de plus en plus difficile d’échapper à des textes d’imaginaire qui ne se passeraient pas dans un monde post-apocalyptique… Le texte de Julia Colin, Avant la forêt, se positionne dans un registre différent, pour ce roman publié aux éditions Aux Forges de Vulcain.

Le monde s’effondre…

Cette thématique n’est pas bien nouvelle dans un contexte de roman post-apo et c’est bien dans ce contexte que nous sommes. Par contre, le monde ne s’est pas effondré de façon dramatique comme nous le voyons souvent dans ces contextes : pas d’explosion nucléaire, pas d’inversion des pôles, pas non plus de grande chambardement qui vient faire exploser une société au bord de la rupture… Non… Juste la suite de ce que nous vivons actuellement et les potentielles conséquences de nos différentes actions ou même non-action.

Des guerres lointaines ont entraîné des ruptures dans la fourniture d’énergie, que ce soit les sources qui étaient les sources principales, mais aussi les solutions alternatives ce qui conduit naturellement à la chute de l’économie, ici française puisque l’action se situe entre Paris, Lyon, Marseille et les Pyrénées. Comme de bien entendu, les conséquences directes sont une augmentation des tensions, sur fond de pertes économiques mais aussi de difficultés à (sur)vivre pour bon nombre de citoyens.

En vrai c’était la merde, mais je crois qu’on a longtemps tous été dans le déni. On ne pouvait pas régresser. Pas nus, pas l’Occident. C’était l’Afrique, et peut-être un peu l’Asie, les pauvres. Nous, on était l’Europe, rien ne pouvait nous faire tomber.

Dans cette situation déjà compliquée, les services publics ne suivent pas, laissant de nombreuses collectivités dans des situations plus que difficiles, avec notamment une augmentation de la présence de groupes peu fréquentables, comme la mafia, pour tenir un semblant d’ordre. Bref, la société française s’effrite et abandonne sa population à elle-même.

… et deux familles fuient

Habitant la région parisienne, ce sont deux familles qui décident de quitter la capitale pour aller se mettre à l’abri et tenter de mener une vie à défaut d’être parfaite, au moins acceptable. Deux couples donc avec chacun un enfant : Elie d’un côté et Calme de l’autre. Deux familles qui se connaissent depuis longtemps, faisant que les enfants sont des presque-frères & presque-sœurs. La route est longue, la route est compliquée, et le drame se produit du côté de Lyon : les parents de Calme se font tuer.

La jeune fille ne sera plus jamais la même, gardant pour elle toute forme de parole, que ce soit sur la route, ou encore à Marseille où tous les quatre vont passer un temps avant de reprendre la route pour atterrir tant bien que mal du côté de Massat, à proximité de Toulouse.

Mon souffle, petit à petit, prenait sa place dans cette partition merveilleuse, et je sentis les plantes et les bêtes me laisser une petite place pour que je puisse, à mon tour, faire entendre ma voix. Je restais pourtant en retrait, timide et surtout effrayé à l’idée de briser cette symphonie sublime et sauvage par un mot maladroit ou trop fort.

Mais le monde d’hier n’est pas celui de demain et les ressources sont rares et chères. Cela pousse de nombreux et nombreuses habitant·e·s à limiter l’accueil des familles extérieures. Malgré leur titre de propriété, la rencontre avec Saule, cheffe de la milice locale et fille du maire, n’est pas des plus simples. Ils apprendront qu’il faut montrer leur appartenance à la communauté et qu’ils devront contribuer à la vie du village pour espérer pouvoir rester et être intégrés.

Deux visions s’affrontent

Au final, Elie et Calme vont répondre de deux façons totalement différentes à la situation et surtout à leur arrivée au village. Du côté d’Elie, il semble que l’intégration à la communauté soit indispensable. Rapidement, il va accepter de rejoindre la milice, malgré sa violence, de façon à pouvoir acquérir le soutien de toutes et tous, que ce soit en terme d’aide ou de prêt de matériel.

Cela va l’éloigner de sa presque-sœur Calme qui pense de son côté que la nature peut répondre à tous leurs besoins et que c’est une erreur de rentrer dans le système poussée par Saule, qui ressemble à une redite de ce qui a amené la société là où elle en est. D’ailleurs, là où j’ai trouvé qu’Elie reproduisait des schémas existants, la transformation de Calme est impressionnante, y compris physiquement !

Ces deux visions qui semblent à première vue opposées pourraient trouver un terrain d’entente si chacun·e le voulait : Saule, Elie et Calme semble plutôt relativement campé·e·s sur leurs positions rendant difficile une possible convergence.

Julia Colin, au travers de ce texte, nous propose une fable où nous avons cet éternel combat entre homme et nature mais aussi un questionnement autour de la solidarité, une solidarité qu’on ne pourra pas retirer à ces villageois·e·s même si elle est centrée sur la communauté existante et peu ouverte sur l’extérieur.

Un roman de rentrée que j’ai trouvé plein d’espoir et bien écrit, un conte qui propose de réconcilier l’humanité et la nature.

Aux Forges de Vulcain (Août 2023) – 368 pages – 21 € – 9782373057263
Couverture : Elena Vieillard

Quand la nature pourra enfin se venger des humains, de quel côté serez-vous ?

L’économie s’effondre, l’énergie se fait rare, tout comme la production. Et les services publics abandonnent. Deux familles décident de quitter Paris, avec leurs deux enfants. Lors de leur passage à Lyon, il y a une explosion, et les deux parents d’une des deux familles disparaissent. La deuxième famille, qui a un garçon prénommé Elie, adopte la fille de l’autre couple : Calme. Elie a dix-huit ans, Calme dix-sept. Tous les quatre se retrouvent à Marseille, seule ville qui tourne un peu. Le hic, c’est que Calme est très étrange et, finalement, les parents décident de partir à Massat, au sud de Toulouse. A Massat, la vie est plus ou moins normale : c’est une vallée protégée. Les gens fonctionnent sur l’entraide et le troc. Il y a un maire, un peu d’électricité. Et les jeunes ont formé la Milice, qui veille à l’ordre. Elie, en échange de matériaux et d’outils, accepte de rejoindre la Milice, où il trouve sa place. A l’inverse, Calme rejoint la forêt et développe des sortes de pouvoirs, d’abord inoffensifs, bientôt effrayants. Peu à peu, deux mondes vont s’affronter : la nature et l’humanité, le monde post-humain, et le monde des êtres humains, incapable de se libérer de sa violence.


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