Sorti il y a pratiquement un an aux éditions Géphyre, Ce que nous refuse le destin est le nouveau récit que nous propose Bénédicte Coudière. Nous allons pouvoir y découvrir le pays de Peyros, et différents personnages – quatre – aux naissances différentes mais qui pourraient se retrouver sur une conclusion commune….

Quatre personnages pour trois points de départ…

Nous sommes donc en Peiros, pays qui semble avoir décidé de mettre son gouvernement sous le pilotage du hasard. En effet, les fonctions et les personnes qui occuperont ses fonctions, sont tirées au sort, permettant d’éviter de “professionnaliser” le gouvernement. Pour autant, nous sentons bien que cette justice n’est que façade et que des familles importantes sont en mesure d’aiguiller le tirage au sort vers un heur qui leur conviendrait… C’est dans ce contexte que nous découvrons Ariadnê, une jeune mère qui semble trouver son compte dans le fait de devenir la caution morale de la jeune Orianne, inapte et tirée au sort. Les raisons qui poussent Ariadnê à se glisser dans ce rôle sera éclaircie et nous pourrons voir dans le feu de l’action tous les travers de ce qui semblait pourtant être une société juste.

Troisième personnage, Un est un esclave, un galérien pour être plus précis. Et son nom vient du fait que tous ceux qui le côtoient ont l’impression qu’il a toujours été là. Conditionné à respecter envers et contre tout son ou ses maître(s), il se retrouvera un peu démuni lorsque le bateau sur lequel il ramait fait naufrage. Trouvant un nouveau maître, il va surtout se confronter à un passé qu’il avait plutôt oublié.

Dernier protagoniste, nous voici à suivre Sanyakta, une étrangère qui a décidé de se rendre en Peiros pour retrouver la trace de sa famille, qui a disparu depuis de nombreuses années maintenant.

Durant les quelques 260 pages du récit, nous allons découvrir au fur et à mesure l’histoire de cette contrée et les conséquences au niveau de la cellule familiale de l’histoire.

… pour un texte sur la famille et l’esclavage

Comme vous l’aurez compris, les thématiques du livre vont tourner autour de la famille et de l’esclavage.

La protection de sa famille est notamment au cœur de la décision d’Ariadnê de devenir la caution morale de l’ambassadrice Orianne. Si le sujet est un peu ambigu au début du récit, nous allons pouvoir le constater très rapidement, entraînant d’ailleurs de sérieux cas de conscience pour la jeune mère… En effet, elle semble totalement coincée entre sa volonté de pouvoir être totalement dévouée à son fils et la tentation de contribuer à améliorer la situation dans le pays. La dimension esclavage pour cette partie de l’histoire se situant de mon point de vue autant du côté d’Orianne, contrainte de prendre un poste et de le gérer malgré son incapacité à le faire, que du côté d’Ariadnê dont l’esprit est technologiquement lié à celui d’Orianne.

Du côté d’Un, si la dimension esclavage est clairement visible, ayant totalement déshumanisé le personnage, jusque dans son nom, la dimension familiale sera un peu plus longue à apparaître (mais apparaîtra). Totalement étranger à ce qui lui arrive ou peut lui arriver, le galérien est totalement dévoué aux maîtres successifs qu’il aura, et c’est tardivement que nous verront apparaître son passé (et probablement lui aussi). La question de la rédemption me semble aussi associée à ce personnage plutôt intrigant.

Pour Sanyakta, la recherche de sa famille, et la vengeance potentielle par rapport à ce qu’ils et elles ont subi sera centrale. Au travers de ce personnage, nous découvrirons le sort réservé à ceux qui pourraient s’opposer à Peiros, mais surtout cette propension à rejeter les autres parce que différents ou sur la base de présomptions diverses et variées. La question de l’esclavage se retrouvera aussi ici par le traitement de son peuple.

En conclusion, un texte intéressant à découvrir, avec des histoires croisées qui permettront de découvrir un récit complexe.

Gephyre (Septembre 2022) – 267 pages – 20 € – 9782490418589
Couverture : Paul Cosquer

En Peiros, où les fonctions des citoyens sont tirées au sort, Ariadnê est liée mentalement à la jeune Orianne qui, bien que jugée inapte, a été désignée ambassadrice. Ensemble, elles tentent de survivre en démêlant intrigues politiques et conflits d’intérêts.
Sanyakta, l’étrangère, recherche sa famille disparue sur ce continent où elle doit se jouer des préjugés hostiles.
Ancien galérien toujours esclave, Un voit son passé refaire surface au contact de ses nouveaux maîtres.
Trois sentiers de vie qui se croisent au risque de saper les fondations d’une société injuste – trois voix racontant l’entraide et la quête des origines, et luttant pour un autre destin.