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Confessions d’une séancière de Ketty Steward

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Les éditions Mnemos, au travers du label Mü, nous ont proposé dé découvrir au mois de juin le recueil de nouvelles Confessions d’une séancière de Ketty Steward, un recueil de nouvelles qui va nous emmener aux Antilles et notamment dans les croyances locales et nous faire découvrir tout un pan de notre culture qui ne nous est finalement pas si familier.

L’amour… La mort… La vie…

Avant de commencer, il est important de préciser qu’une séancière est une chamane du culte quimbois, qui se rapproche du vaudou. Le culte quimbois est une forme de sorcellerie très présente dans les Antilles françaises. Il n’est donc pas étonnant de retrouver toutes les composantes des rites vaudous, à commencer par la création de filtres d’amour, l’invocation de démons ou encore la malédiction au travers de sorts divers et variés.

Ketty Steward nous fait donc voyager, nous faisant découvrir cette société au travers de leur quotidien et de leurs petites manigances dans certains cas. Les nouvelles sont courtes et vont adresser de nombreux aspects des légendes antillaises, avec cette intelligence de vocabulaire qui nous permet de lire – et d’entendre – le créole.

Les nouvelles s’enchaînent, avec une alternance de poèmes, et nous transporte littéralement. Certaines sont plus marquantes que d’autres, et j’ai particulièrement appréciée Le déparlage de Man Polmi dans laquelle une infirmière va assister à la fin de vie d’une séancière, séancière qui avoir convoqué, par le rêve, une assistance des plus étrange. On comprend mieux les rites, on se ballade dans les légendes, prenant la mer avec Papa Dlo et découvrant par la même ce dieu colérique et violent.

La place de la femme dans la société antillaise

On note aussi que beaucoup de questions tournent autour de la place de la femme dans la société antillaise. Plusieurs nouvelles y font référence de façon plus ou moins marquée. Il est à noter, par exemple, que Papa Dlo s’est montré violent avec sa femme. Nous voyons aussi dans L’Homme-bâton ou Dorlis, qu’il y a des esprits qui vont violer les femmes pendant la nuit, dans cette nouvelle sous le couvert d’un séancier qui a permis cela.

Bien sûr, je pense, comme tout le monde, que son aventure avec le gros coq l’a choquée, mais je ne crois pas qu’elle soit folle. Elle est juste un peu en avance dans sa compréhension des relations entre les humains et le reste de la nature.

Gros coq fait ce qu’il veut

On comprendra donc qu’en plus de nous faire découvrir cette culture, Ketty nous permet aussi de questionner sur des questions plus universelles. Je mettrai aussi la nouvelle La po zombi qui s’appuie sur le rejet de l’autre, et un racisme pour cette nouvelle que nous aurions pu ne pas imaginer puisque notre jeune narrateur antillais a rejeté son camarade haïtien.

Ketty nous offre donc un voyage qui va nous permettre avec beaucoup d’humour et de bienveillance, de découvrir le quimbois, les séancières et séanciers en mettant en avant nos petites manigances, avec les possibles conséquences.

La dernière nouvelle est entièrement en créole (sans traduction), ce qui peut surprendre… Bien entendu, je n’ai rien compris, je trouve néanmoins intéressant et pertinent ce choix qui montre aussi que, malgré nous, nous pouvons exclure… ici en ne prenant pas en compte la particularité que nous ne parlons pas tous créole.

Un recueil que je vous recommande fortement parce qu’il nous fait du bien !

Editions Mnemos (Juin 2023) – Label Mu – 193 pages – 18 € – 9782382670569
Couverture : Kévin Deneufchatel

Une infirmière convoquée par un rêve au chevet de sa patiente mourante, une veuve éplorée qui marche dans la mer en maudissant Papadlo, un jeune homme qui perd la mémoire à chaque fois qu’il met les pieds dans la rivière, un couple de femmes surpris par l’œil du cyclone, un garçonnet qui voit se dessiner sa culpabilité sur sa peau…
Dix-huit histoires liées par des poèmes qui donnent à repenser notre rapport à al mort, à l’amour, à la différence, à l’environnement.
Confession d’une séancière est un livre qui actualise et réinvente des contes et récits des Antilles pour en offrir une lecture contemporaine et politique, qui transcende les frontières.


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