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Dissipatio H.G. de Guido Morselli

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Le roman Dissipatio H.G. est un roman un peu particulier de Guido Morselli, auteur qui, après recherche, est connu en Italie, ou plutôt qui s’est fait connaître à titre posthume. D’ailleurs, pour beaucoup, Dissipatio H.G., réédité par Rivages dans une nouvelle traduction, est une forme d’autobiographie de l’auteur qui, suite à un nouvel échec avec ce titre écrit en 1972, décidera de mettre fin à ses jours en 1973.

Un suicide raté et une population envolée

Le narrateur de Dissipatio H.G. a décidé de se quitter ce monde dans lequel il ne se retrouve pas. Pour cela, il s’isole dans une grotte, et prend rendez-vous avec son “amie à l’œil noir”, une arme au calibre qui ne devrait lui laisser grande chance de survit. Mais après un temps certain, il ressortira en vie pour découvrir que l’humanité a disparu.

La disparition est semble-t-il généralisée tout en restant mystérieuse. Il ne découvrira aucune trace de massacre, ni de guerre. Il ne découvrira ni corps, ni squelette. Finalement, le monde semble juste avoir fait disparaître la population, l’avoir transporté dans un autre lieu.

Notre narrateur, qui peut que nous faire penser à l’auteur au vu de son histoire, se retrouve comme le seul être humain vivant dans un monde totalement vidé… Et dans le même temps, nous comprenons que cette situation n’est pas très loin de la situation qu’il ressentait avant de vouloir attenté à ses jours. Etrange paradoxe qui occupera tout le récit.

Il revisite les lieux qu’il connaît, tentant malgré tout de mettre une histoire sur ce qu’il se passe, tentant de comprendre l’incompréhensible.

Contemplation et philosophie

Rapidement, la question centrale sur les événements se pose : notre narrateur est-il mort et vit-il dans cette mort un reflet de son existence ? Est-il en plein rêve et allons-nous le voir se réveiller ? Ou encore, est-il vraiment le dernier être sur terre et dans ce cas pourquoi ?

Cette question nous taraude et le taraude tout au long de ces 150 pages : mis à l’écart de l’humanité de son vivant – tout comme l’était Guido Morselli, il est aussi mis à l’écart de sa disparition. Comme l’auteur, le narrateur ne trouvera donc jamais sa place au sein d’une société qu’il a du mal à comprendre.

De visite en souvenirs, il va nous confronter à ce que pourrait être notre monde privé de notre présence ; il va nous montrer le monde où les équipements, conséquence de notre consommation, vont continuer à tourner sans nous, sans aucune utilité ; il va nous montrer les résidus de notre société, et notamment au travers de ces répondeurs qui se font les derniers échos de l’humanité, bloqués sur cette date du 2 juin…

De solitude dans une société qui ne le voyait pas, il basculera solitaire en tant que seul survivant, et s’inventera des échanges avec de grands noms de la philosophie et littérature pour se trouver des compagnons de pensées.

Et finalement, quel est l’intérêt d’écrire ce témoignage de l’après disparition, puisque personne ne pourra lire le récit, personne ne pourra comprendre…

Ce roman doit être savouré : il ne s’agit pas d’un nouveau roman post-apocalyptique (même si le fond est quand même la disparition générale) mais bien d’un roman contemplatif, qui prend son temps donc et pousse à la réflexion.

Rivages (Avril 2022) – 174 pages – 18 € – 978274365659
Traductrice : Muriel Morelli (Italien)
Titre Original : Dissipatio H.G. (1977)
Couverture : Bubble de Tommy Ingberg

Las du monde et de ses turpitudes, un homme décide de mettre fin à ses jours au fond d’une grotte. Mais il tergiverse, suspend son geste et ressort de cet antre pour découvrir qu’entre-temps, l’humanité a disparu, comme évaporée, laissant les maisons vides, les machines désœuvrées et une nature rendue à elle-même. Confronté à une solitude vertigineuse, ce misanthrope oscille entre extase et effroi, et nous laisse entrevoir le monde tel qu’il pourrait être si une certaine race de bipède cessait de le fréquenter…


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