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Entretien avec Sue Rainsford

Jusque dans la terre vient de paraître aux édtions Aux Forges de Vulcain et vous allez pouvoir découvrir dans ce texte de rentrée, un roman d’horreur puissant et percutant.

Sue Rainsford est venue présenter son roman à la presse fin juin en France, et je remercie vivement David Meulemans d’avoir penser à moi et de m’avoir accordé un créneau d’interview, et à Sue d’avoir répondu à mes questions.

Merci Sue d’avoir accepté de partager ce temps d’échange avec moi. Ma première question concerne la traduction : Jusque dans la terre est-elle la première traduction du roman ?

Oui, c’est la première fois.

Qu’est-ce que cela signifie pour toi de passer d’autrice irlandaise à autrice internationale ?

Ça veut dire énormément. Cela ressemble à une vraie transition. Le livre a déjà été publié de manière progressive : il est sorti en Irlande, puis au Royaume-Uni, ensuite en Amérique. Mais évidemment, toutes ces versions étaient en anglais, donc la traduction française ressemble à l’accès à un nouveau lectorat complètement différent. C’est un peu ahurissant de penser aux gens qui pourraient le lire maintenant ou de penser au public qui pourrait venir maintenant, parce que je me sentais très chanceuse déjà d’avoir même un petit public anglophone. Alors maintenant, avoir un tout autre groupe de personnes, en parallèle du fait d’être traduite avec toutes les nuances et textures que cela génère, l’opportunité de penser à mon travail du point de vue d’une autre langue et toutes les difficultés associées ainsi que les poétismes involontaires qui accompagnent la traduction… Oui, je suis ravie. C’est merveilleux.

Comment s’est passé le travail commun avec David, des Forges de Vulcin et le traducteur ?

Ça a été génial. C’était si agréable. Les éditions « Aux Forges de Vulcain » sont une maison d’édition aussi merveilleuse que respectée. Je me sens très chanceuse d’être parmi les autres auteurs qu’ils ont traduits, notamment Ursula K. Le Guin. Mais le processus de traduction pour moi était assez simple. Il n’y avait qu’un seul mot qui nécessitait une discussion: la traduciton de « Cure », qu’utilise Ada pour parler des personnages qu’elle et son père aident. Francis et moi avons discuté du mot français qui pourrait convenir, qui pourrait englober la signification de ces personnes. Mais oui, à part ça, j’ai juste hâte de le lire en français et j’espère que mon propre français reviendra au fur et à mesure que j’avancerai dans la lecture.

le langage qui est mis sur les corps féminins et les comportements que nous attendons des corps féminins ne sont pas vraiment humains

Jusque dans la terre parle finalement de deux non-humains et nous le savons d’entrée de jeu… Que ou qui sont-ils ?

Pour moi, la dimension inhumaine a commencé avec Ada, la figure paternelle est venue plus tard. Mais je savais qu’Ada ne serait pas tout à a fait humaine parce que je voulais qu’elle fonctionne autant comme un symbole que comme une métaphore. Je lisais beaucoup Simone de Beauvoir et Julia Kristeva, et j’étais vraiment attirée par le langage poétique qu’elles utilisaient autour de l’expérience féminine. Je voulais réfléchir à un archétype féminin alternatif ou à un modèle féminin sur lequel je pourrais tester ce langage. Ma question centrale était la suivante : si ce langage très dense et poétique se manifestait réellement dans le monde, à quoi ressemblerait-il et quel ressenti aurait-il ? Je ne pensais pas que cela serait particulièrement humain : le langage qui est mis sur les corps féminins et les comportements que nous attendons des corps féminins ne sont pas vraiment humains. Donc, le genre d’élément monstrueux ou d’un autre monde d’Ada est venu de là.
Tu vois, j’aime penser à elle et à son père comme des créatures. C’est le mot que j’utilise pour eux. Pour moi, cela passe par le fait qu’ils sont très ancrés dans la nature et qu’ils sont très ancrés dans le sol.

Même si nous n’avons aucune idée d’où ils viennent, on voit qu’Ada a été créée par son père… Doit-on y voir une référence à Mary Shelley ?

Oh, oui, je ne pense pas consciemment, mais avec le recul, je pense que c’était une influence subconsciente, c’est certain. De même, j’adore les premiers films de Cronenberg et les premiers films d’horreur en général, d’une époque avant que les effets spéciaux ne deviennent très fluides et homogènes, quand vous voyez cette approche tangible et mécanique de l’horreur corporelle et comment les monstres sont assemblés. Et j’aime aussi ça chez Frankenstein : cette lente accumulation et ce genre de peaufinage au fur et à mesure. Je pense que c’est peut-être la raison pour laquelle j’ai été attiré par l’idée qu’il existe différentes versions de test d’Ada dont elle ne prend connaissance que plus tard dans le livre.

Ce qui ressort aussi, c’est que lors de sa rencontre avec Samson, Ada veut avoir une relation, disons “normale”, et elle se transforme pour l’obtenir. Est-ce un moyen de trouver l’accomplissement de soi ?

Oui absolument. Je suis tellement ravi que tu es vu cela. C’était quelque chose de très important pour moi. J’aime beaucoup l’idée que les corps féminins puissent s’auto-adapter et s’exprimer ainsi leurs désirs selon leur propre volonté, et cela a été un facteur central dans l’écriture d’une version de Féminité qui était en quelque sorte éloignée de certaines idéologies, préjugés ou institutions . Pour moi, cela est capturé quand Ada décide qu’elle veut avoir des expériences sexuelles et charnelles et qu’elle transforme son corps pour elle-même : elle façonne son corps afin de mieux vivre ces choses. Donc, oui, c’est tout à fait ça.

Pour moi, il y a deux aspects. Nous avons donc Samson et quelque chose ne va pas avec lui. Nous ne sommes pas vraiment conscients de ce qu’il a… Nous pensons que les monstres sont Ada et c’est son père. Et on se demande tout au long de votre livre si ce n’était pas finalement Samson ou Olivia qui sont des monstres. C’est très étrange. Nous avons des discussions sur les limites entre humains et non humains.

Je voulais vraiment, comme tu l’as dit, que l’action centrale ou le récit central soit Ada et son père. Mais je voulais que ce récit autour de Samson et Olivia apparaisse un peu au lecteur. Ainsi, ce qui semble au premier abord être une sorte de relation directe, une relation sexuelle entre Ada et Samson ne l’est pas : Ada ne peut être qu’avec Samson ou Samson ne peut être qu’avec Ada du fait de leurs parcours individuels et de leurs traumatismes personnels . Ainsi, Samson a eu cette relation traumatisante avec sa sœur, très problématique et devient de plus en plus sinistre au fur et à mesure que le roman progresse. Il n’est en quelque sorte pas équipé pour être avec une femme humaine qui poserait toutes les questions habituelles ou ferait toutes les demandes typiques à un homme de son âge dans une relation. Il a besoin de quelqu’un comme Ada qui a des attentes différentes..

Pouvons-nous dire qu’il y a un petit côté Roméo et Juliette dans ce duel de familles ?

J’aime l’idée des petites villes et des petites communautés et les drames qui ressortent ressort des petites communautés laissées à elles-mêmes, en particulier lorsqu’elles sont un peu à l’écart et ne reçoivent pas beaucoup de visite : elles ne sont en quelque sorte jamais tenus responsables par les personnes qui se présentent et remettent en question leurs pratiques. J’ai vraiment aimé cette idée d’une sorte de querelle remontant lentement à la surface..

On parle ici d’une petite communauté et, dans les faits, on peut résumer votre roman par quatre personnages, auquel s’ajoute un à la fin. Beaucoup de personnages parlent de leurs ressentis mais ça reste un huis-clos.

Oui, les points de vue des “Cures” ont été un ajout tardif au livre. Le livre contenait beaucoup plus de passages sur les réfléxions d’Ada sur le présent et sa vie quotidiene alors qu’elle attend cet événement à la fin du livre. Quand j’ai ajouté les “Cures” dedans, je ne comprenais pas pourquoi je ne les avais pasmis pas plus tôt : ils infléchissent assez bien le récit d’Ada et rendent en quelque sorte son récit d’autant plus étrange car eux sont assez ancrés et normaux… Ils sont très humains avec des préoccupations très humaines concernant leur corps, leur famille et leur vie professionnelle . Mais, à la fin, ils étaient vraiment agréables à écrire. Après avoir asservi la voix d’Ada, ils sont venus très facilement

Nous parlons d’aujourd’hui pour Ada C’est un élémnet qui étonne aussi dans votre roman : nous n’avons aucune infomraiton sur le “Quand” de l’histoire, même si nous parlons de voiture, difficile de situer.

Oui et je suppose que dans mon deuxième livre c’est la même chose. Dans mon troisième livre, je suis un peu plus précise sur la période. Mais je suis plus intéressée par des choses comme l’atmosphère et l’ambiance plutôt que par le cadre ou le lieu. Donc, je n’entre jamais vraiment dans un livre en pensant où est-il et quand est-il. Je vais commencer par une image et essayer de construire un monde autour d’elle… Avec Jusque dans la terre, l’image était celle d’Ada et de son père creusant un trou pour quelqu’un qui n’est pas encore mort. Cette image me revenait sans cesse, et le reste du livre en est ressorti. La seule raison pour laquelle il y a des voitures dans le livre est que je pensais qu’Ada et son père devaient être isolés, mais que les gens devaient aussi s’y rendre assez facilement. Donc, oui, je ferai venir des voitures. Ils étaient tous un peu comme des ajouts pratiques plutôt qu’une volonté de de greffer un temps et un lieu. Je ne trouve généralement pas que le temps et le lieu soient si pertinents ou nécessaires aux thèmes qui m’intéressent, mais encore une fois, dans le livre sur lequel je travaille en ce moment, ils sont plus clairement définis..

David Meulemans, Sue Rainsford and I during Paris’ Tour (c) Fantastinet

 Tout cela me fait penser au Maine et aux petites communautés secrètes des récits de Stephen King : est-ce aussi parmi tes références ?

Oui. Je pense, encore une fois, que Stephen King est influence, probablement plus du point de vue de l’adaptation cinématographique que des livres eux-mêmes. Mais en termes de paysage et d’atmosphère, je lisais beaucoup de Faulkner en 2013 quand j’ai commencé à écrire le livre. Je lisais son livre Wild Palms, et il a toutes ces descriptions intenses du temps chaud et étouffant. Il y avait aussi une vague de chaleur en Irlande à l’époque où je travaillais sur le premier projet en 2013, au cours de l’été. Alors, oui, Faulkner était probablement ma principale référence littéraire pour le paysage. Et cette idée de s’aventurer dans sa ville fictive, ce genre de marécage où tout peut se passer, où la chaleur et l’isolement commencent à peser psychologiquement sur les gens et à avoir un effet vraiment étrange sur eux plus ils sont s’attarder dans la chaleur.

 Par contre, je n’ai pas vraiment compris l’histoire autour des anguilles… Tu peux m’expliquer ?

C’est très biographique. Nous avons passé beaucoup de temps, mon conjoint, ma famille et moi, dans une ville appelée Schull, qui se trouve à West Cork, le point le plus au sud de l’Irlande. C’est un endroit avec un paysage très spectaculaire, et au fil des ans, nous avons passé beaucoup de temps dans une maison près d’un grand lac noir qui a toujours semblé totalement impénétrable. On nous avait dit quand nous étions petits : “ne t’approche pas”, “ne nage pas dans ce lac, parce qu’il y a une énorme anguille dedans”… alors ça vient de là..

 Ada et poère ont beaucoup de pouvoir, mais en fait très fortement liés à la nature : Une façon de dire que la Nature peut nous aider ?

Je pensais plus à la façon dont les femmes et les corps féminins sont souvent associés, considérés comme une extension de la nature. C’est quelque chose qui s’est produit après la guerre civile en Irlande il y a 100 ans, lorsque la république a été récupérée par les Britanniques : il y avait ce genre de volonté post-coloniale de récupérer la terre irlandaise et aussi de récupérer les corps des femmes irlandaises, et cela a abouti à cette confusion des femmes irlandaises avec la terre, considérées comme étant fertile et pure et donc un moyen de soutenir la nation. Et cela m’a toujours semblé très problématique et très bizarre. Donc, je voulais en quelque sorte renverser et jouer avec ce cliché ou ce stéréotype selon lequel les femmes sont la terre et leur corps aurait une relation très particulière avec la nature..

Dans ton livre, on voit Ada et son père travailler avec des viscères. C’est affreux, personne n’aime imaginer qu’un autre travaille avec ses entrailles. Et en même temps, ta description est si poétique. ton livre est-il un livre d’horreur ?

Je suis tellement intéressé par ce qui est interprété comme étant de l’horreur et ce qui est aussi interprété comme poétique. Mais je ne suis pas vraiment intéressé par le fait de produire un effet horrible. C’est toujours une sorte de sous-produit ou d’accident, quelque chose qui ressort du travail assez progressivement au fil du temps. Alors, disons, avec Ada, je savais que je voulais qu’elle ait un rapport très particulier aux corps humains. Et je savais que je voulais qu’elle ait un regard clinique, si tu vois ce que je veux dire, mais pas non plus un regard médical clinique. Alors, je me disais, que pouvait-elle faire pour me permettre d’essayer ces différentes théories ou idées ? Et si c’était chanter dans le corps des gens et les ouvrir de cette manière très intuitive. Et puis, peut-être qu’il en faut beaucoup pour me déranger ou me déstabiliser, parce que je n’ai pas vraiment vue cette partie du livre comme étant visuelle ou explicite de quelque manière que ce soit. Les gens ont des corps, ça va mal pour eux, on regarde à l’intérieur. Cela m’a toujours semblé très pratique

Nous avons donc des non-humains, qui ont le pouvoir de soigner les humains face aux maladies… Mais pourquoi ? Ils n’ont aucune raison, si ?

C’est exactement ça. Ils n’ont aucune raison : ils ne semblent pas motivés par l’altruisme ou la compassion ; c’est juste enraciné en eux. Pendant un certain temps, j’ai eu plus une explication pour le père qui suggère pourquoi il est si concentré sur l’exécution de ce rôle. Mais je l’ai retiré à la fin parce que je voulais que ce soit, comme tu le dis, une sorte d’impulsion aveugle, parce que, encore une fois, je suis juste très intéressé par les idéologies, habitudes et pratiques que les gens suivent parce qu’ils sont nés avec eux : il faut souvent beaucoup de temps aux gens pour se demander s’ils devraient ou non se comporter d’une certaine manière. Alors, pour Ada, elle ne le remet pas en question jusqu’à ce qu’elle rencontre Samson et qu’elle se rende compte qu’il y a cet autre aspect à son propre corps et à la vie en général. Alors que son père n’a jamais connu ce genre de friction. Il est né dans ce rôle et il le protégera coûte que coûte, même s’il ne comprend pas vraiment pourquoi il le protège..

Il ne connaît tout simplement pas d’autre moyen. Et ça, pour moi, c’était plus effrayant que d’inclure une raison.

En fait, elle doit faire un choix entre son éducation et ce qu’elle veut être.

Oui. Là encore, l’inné contre l’acquis est quelque chose qui m’intéresse aussi énormément. C’est donc en quelque sorte là que le point de l’intrigue a commencé à prendre forme pour moi.

Nous voyons aussi un aspect particulier de l’être humain : nous avons des gens qui veulent être sauvés par quelque chose dont ils ont peur.

Je me souviens d’avoir lu Michel Foucault, décrivant comment le modèle du confessionnal avec le prêtre s’est transformé en culture thérapeutique, comment dans la société nous sommes toujours poussés à trouver quelqu’un à qui nous pouvons divulguer nos secrets. Il a toujours été très logique pour moi que nous puissions devenir obsédés par nos médecins, qu’une partie de nous pense que si un médecin peut réparer l’un de nosorganes, alors peut-être que tout est réparé. Si vous faites retirer votre appendice, peut-être que le traumatisme de votre enfance pourra également être corrigé de cette manière vraiment pratique et chirurgicale. Donc, oui, j’essayais de jouer un peu avec ça. Et certains des personnages sont tout simplement très attirés par Ada, pour qui l’expérience positive d’être guéri est disproportionnée par rapport à l’ampleur de l’affection ou de la maladie qui les affecte..

et quand tu mets des gens sous terre ?

Alors que j’écrivais le livre, il commençait à me sembler inévitable que certaines personnes deviendraient de plus en plus dépendantes de ce sentiment d’évanouissement, de ne pas avoir de pensées ou d’inquiétudes, ou simplement d’être effacées et temporairement éloignées de leur vie quotidienne. C’est quelque chose que nous réussissons à faire tout le temps, à travers des substances et toutes les formes d’évasion.

Je vois aussi que tu as été récompensée pourJusque dans la terre par le prix Kate O’Brien, récompensant l’écriture des femmes irlandaises. Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

Il est décerné par le Festival littéraire de Limerick pour un premier roman d’une auteure irlandaise. J’étais en fait au festival, en train de parler à la gagnante de cette année, Una Mannion, le dimanche avant que nous venions le lundi matin. Kate O’Brien était une auteure dont les thèmes étaient assez innovants pour la culture irlandaise de l’époque. Elle était une lesbienne et une féministe écrivant de la fiction dans les années 1940, et elle a été censurée plutôt que de recevoir l’attention qu’elle méritait. Cela signifiait beaucoup pour moi de gagner ce prix si tôt dans ma carrière.

Tu as reconnu plus tôt aimer les films d’horreur en particulier Cronenberg, alors pourquoi ce plaisir particulier à voir ce genre de film ?

Je suis très excité par son nouveau, Crimes du futur, j’ai hâte de le voir. Mais j’ai toujours eu un rapport très particulier au film d’horreur. J’ai adoré American Werewolf à Londres, où vous avez cette scène, époustouflante à sa sortie, cette approche en stop motion de l’horreur corporelle, lorsque le personnage principal se transforme en loup. C’est une transformation lente, si lente et douloureuse. La séquence complète dure plus de deux minutes. J’aime tout à ce sujet. J’adore jouer Bad Moon Rising de Credence Clearwater pendant que ça se passe. J’aime l’acteur, David Naughton, le choc et l’horreur, sa détresse alors qu’il regarde son corps se transfigurer ainsi. Plus profondément, je pense que le film d’horreur a beaucoup à nous dire sur la façon dont nous regardons les corps et quels corps nous considérons comme autres et les quels corps nous considérons comme horribles et pourquoi. Barbara Creed a écrit ce livre, The Monstrous Feminine, sur la théorie psychanalytique, la théorie féministe en relation avec l’horreur et comment le corps féminin est souvent traité comme un kuey d’horreur, même lorsqu’il ne remplit que ses fonctions corporelles les plus élémentaires.

Donc, j’aime l’étrangeté et j’aime me sentir déséquilibrée. Je trouve que c’est un temps très productif pour moi intellectuellement. Beaucoup de travail en ressort pour moi. Je viens de voir le nouveau film d’Alex Garland, Men, et j’adore l’horreur du corps et tout ce changement de forme, son esthétique : c’est très galvanisant pour moi quand il s’agit d’écrire

Quand on lit le roman, il a un aspect très visuel. Cela signifie-t-il que quelque part, tu imagines qu’il puisse être adapté ?

En grandissant, ma sœur et moi avons regardé beaucoup de films (ma sœur travaille dans les casting maintenant) et je pense que cela a entraîné mon cerveau à penser en images dès mon plus jeune âge.
Mon diplôme est en histoire de l’art, j’ai donc l’habitude de passer du temps avec des images, qu’elles soient dans une œuvre d’art ou un film dans un texte.
En termes d’adaptation, j’aimerais que quelqu’un en fasse un film. Il y a eu de petits touches sur la ligne au fil des ans. Mais je pense que j’aimerais que quelqu’un le fasse et conserve sa qualité principale, et ne pas le rendre trop fantastique. Quand j’ai regardé Sharp Objects il y a quelques années, j’ai vraiment senti qu’Eliza Scanlan serait une brillante Ada

Tu peux adresser un large public avec ton histoire car à la fois basé sur l’horreur et poétique.

J’ai toujours été très heureuse que les gens le lisent et disent qu’ils l’ont vécu comme une horreur. Il en va de même lorsque les gens le lisent et disent que c’est du réalisme magique, quand les gens le lisent comme un pur morceau de fiction littéraire. Je pense que c’est ce que c’est. Il y a toutes ces influences différentes en elle. Mais j’espère qu’en le lisant, vous comprendrez à quel point j’aime la langue et à quel point je suis investie dans la prose. Toutes ces choses ont du poids, et j’espère toucher ainsi beaucoup de lecteurs différents.

Ce qui est intéressant aussi, ce sont les différents niveaux de lectures. On parle du féminisme et de la place de la femme, des limites entre humain et non humain, du rejet des différences… et je ne sais pas si c’était volontaire, mais certainement.

Je ne sais pas si j’écrirai à nouveau un livre avec autant de questions en tête dès le départ : une figure féminine qui prend tout ce poids métaphorique et toute cette imagerie sur ce que signifie être un femme et comment les femmes sont censées se comporter.
Toutes ces questions étaient très présentes dans mon esprit, ainsi que des questions sur le processus d’altération et d’étrangeté des corps. Des questions d’acceptation, et aussi les attentes que nous avons dans chaque rencontre les uns avec les autres en raison de ce qu’on nous a appris sur les autres corps, culturellement et idéologiquement. Comment pourrions-nous réduire tout cela et nous rencontrer à nouveau et à nouveau : cela reste l’une de mes questions centrales. Et puis toutes ces autres sujets dont tu as parlé sont ressortis

 J‘ai remarqué un deuxième roman  Redder days déjà publié en Irlande, de quoi parle-t-il ?

Ce roman parle de jumeaux appelés Anna et Adam et ils vivent dans une communauté ratée. : un groupe de personnes vivaient ensemble, attendaient la fin du monde et avaient construit un système de croyance autour de cet événement imminent. Mais plus ils attendent, plus cela prend de temps. La fin du monde n’arrive pas comme ils l’avaient prévu. Par conséquent, Anna et Adam vivent avec l’ancien chef de la commune, un homme nommé Koan. Leur mère est partie il y a des années alors que la commune fonctionnait encore et alors qu’ils comptaient encore sur cet acte d’abandon maternel, ils s’occupent de ce genre de chef défaillant alors que le paysage autour d’eux se comporte d’une manière vraiment étrange.Il s’agit donc du rapport des uns aux autres, leur rapport au paysage, puis leur rapport à leur propre corps, qui est en quelque sorte coloré et transfiguré par cet environnement étrange.

Je ne suis pas sûr que ce soit une question pour toi ou pour David, mais y a-t-il des discussions en cours sur la traduction française ?

Nous en avons un peu parlé, ce qui me ferait évidemment très plaisir. Rien sur papier,mais, oui, croisons les doigts. Tout ira comme prévu.

Et un nouveau roman est en cours…

Que personne n’a lu, que personne n’a vu pour l’instant, qui est une bénédiction et une malédiction, mais oui, c’est un livre. Je ne peux pas trop en dire car c’est encore assez récent. J’espère qu’il sera terminé d’ici la fin de l’année. Mais encore une fois, c’est un livre qui a une situation géographique étrange et qui pousse les gens à se comporter d’une manière étrange. Mais c’est dans ce monde et à cette époque. Cela a donc été très différent pour moi car il faut inclure certains aspects technologiques. Cela m’a prisdu temps. J’ai réfléchi, je vais juste essayer et voir. Peut-être que je ne peux pas écrire un livre comme ça, mais je vais essayer, je travaille dessus depuis environ un an et demi et comme je le dis, personne ne l’a vu. Ce n’est pas que c’est top secret, mais je voulais prendre du temps, juste passer du temps avec moi-même et essayer de réparer autant de choses que possible avant de transmettre ce fardeau à un éditeur.

Rien à voir avec autre question : Était-ce votre première fois à Paris ?

Non, je suis allé à Paris quelques fois, très heureusement. J’ai rendu visite à ma famille, mes parents et ma sœur quand j’étais plus jeune, puis mon conjoint et moi étions ici, je pense que c’était il y a environ cinq ans en route pour un mariage. Et puis rien à cause du Covid, évidemment, on n’a pas vraiment été dans trop d’endroits, mais on se rattrape d! J’aime Paris.

J’ai une dernière question, celle de fin d’interview : les derniers mots sont à vous

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