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Le Dragon de Lune de Vladimir Bogoraz

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Les éditions Callidor, au travers de leur collection L’âge d’Or de la fantasy, continue à nous faire découvrir – et rêver par la même occasion – des textes précurseurs du genre. Nous avions déjà pu parler du travail de Thierry Fraysse et une fois n’est pas coutume, il nous propose un texte intéressant, considéré comme le premier roman de fantasy russe.

Voyage dans les toundras russes

Ou en tout cas, c’est l’impression que nous donne ce voyage en compagnie des Anaki. Comme chaque année, le peuple attend avec impatience le passage des “Visages Gris”, des rennes venus des montagnes et qui, au travers d’un rite commun, permettra de récupérer la viande pour l’ensemble de la population. Mais Yon le Noir, le chaman, ne peut que constater l’inconcevable : les animaux ne semblent pas vouloir migrer comme ils le font d’habitude. Il décidera alors de prier, de prier les Dieux, un par un, espérant leur compassion… En vain, jusqu’à ce qu’il sollicite le Dragon de Lune.

La contrepartie devait être un sacrifice, que le jeune Yarri n’acceptera pas de laisser au terrible dieu.

Au travers de ces quelques 300 pages, nous allons suivre ce peuple et découvrir leurs us et coutumes. Les us de chasse bien entendu, qui sont importantes dans les premiers temps de l’histoire, qui nous permettront en même temps de voir les différentes déités, rattachées aux principes de la nature, mais aussi les coutumes en termes de construction familiale et la répartition des rôles entre hommes et femmes.

La rébellion d’un jeune

Bien entendu, nous retrouvons surtout la rébellion du jeune Yarri, qui s’approprie le sacrifice du Dragon de Lune et met en danger ainsi le groupe. Cela lui vaudra d’être exclu du groupe, et sera le signal pour découvrir d’autres aspects de cet univers que nous décrit Vladimir Bogoraz. D’ailleurs, on voit que l’auteur, qui signait sous le nom V.G. Tan, avait des connaissances anthropologiques, comme le confirme sa biographie sur wikipedia.

Le côté révolutionnaire – qui lui vaudra notamment d’être déporté en Sibérie – se ressent fortement dans la description qu’il fait de Yarri.

Le récit est passionnant, nous permettant de découvrir des paysages et des peuples originaux par rapport à ce que nous sommes habitués à lire. Il s’agit d’une œuvre empreinte de poésie, de mythologie, de violences aussi.

Je ne parlerai pas de la place de la femme dans cette société, le texte datant de 1909.

A noter que quelques éléments “textuels” sont déstabilisants au début, particulièrement le changement de genre de la lune (le lune).

A noter qu’une nouvelle fois, l’objet lui-même est magnifique, richement illustré par Asthenot.

Un roman donc à découvrir pour élargir la vision du genre.

Editions Callidor (Juin 2022) – L’âge d’Or de la fantasy – 285 pages – 20 € – 9782901207054
Traduction : Viktoriya et Patrice Lajoye (Russe)
Couverture et illustrations : Asthenot

Dans la nuit froide et muette, les Anaki attendent l’arrivée des “Visages Gris”, les rennes venus des montagnes. Mais aucun sabot ne foule le sentier qui se perd sous les étoiles. La tribu se meurt, et ses prières restent sans réponse. Le chaman Youn le Noir se décide alors à s’adresser au dernier des dieux, celui qui engloutit la Soleil avant de la vomir, le redoutable Dragon de Lune. Mais son appel ne sera pas sans conséquences… car bientôt il exigera des sacrifices. Qui oserait braver ce dieu de minuit, sinon un homme sans foi, qui ne croit qu’e sa lance et son bras ?


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