Opexx est pour moi (mais vous pourrez me détromper) la première incursion de Laurent Genefort dans la collection Une Heure Lumière du Bélial. L’occasion de découvrir Laurent dans un autre exercice !
Guerre et Paix, round deux
Pour résumer l’état de notre univers, les formes de vie extra-terrestre existent. Et non seulement elles existent, mais en plus, elles se sont liées à l’échelle galactique pour prôner la paix, et la Terre pourrait bien faire partie des prochaines à pouvoir siéger à ce qui ressemble à une ONU intergalactique.
Si ce n’est que la délégation, qui siège désormais aux Nations Unies, profite de la particularité des humains, à savoir la science du combat, pour régler les conflits. C’est donc une force particulière, l’Opexx, qui est en charge de mettre au service de la collectivité leur capacité et leur énergie au combat. De façon à ne pas troubler l’esprit des soldats, leur mémoire est effacée dès leur retour, les laissant parfois avec des séquelles qu’ils ne seront pour le coup pas en mesure de comprendre.
La contrepartie ? Nous bénéficions d’invention et d’avancées scientifiques.
Et dans notre aventure, nous allons suivre un soldat, atteint du syndrome de Restorff, un syndrome qui se caractérise par une absence d’empathie et qui le rend pour le coup plus que performant sur les missions qu’on attend de lui.
Un récit sous forme de journal intime
Ce que nous propose Laurent, c’est de suivre notre soldat sous la forme de journal intime. L’exercice est intéressant, permettant de comprendre ce qui le motive. Ce syndrome est aussi un levier pour expliquer que le narrateur, contrairement à ses collègues, arrive à se souvenir, au moins partiellement de ses interventions.
Toute opexx proposée par le Blend passe par le Conseil de défense de l’ONU, lequel donne son aval en fonction des renseignements fournis. Les apparences sont sauves : de façon officielle, c’est nous qui décidons de l’intervention.
Si nous ne suivons pas une grande aventure de space opéra, le récit interroge sur notre dépendance à la technologie et sur l’autonomie, puisque Opexx devient un passage obligé pour continuer à profiter de la manne technologique extra-terrestre. Du coup, où est notre liberté et notre libre-arbitre quand notre avenir est conditionné par le fait d’envoyer les hommes au combat, avec un semblant de décision par le Conseil de défense de l’ONU… On notera qu’il se s’agit finalement que d’apparence…
Noté que ce qui est vraiment intéressant dans ce récit et l’orientation – et la chute – mais je n’en dirais pas plus 😉
Le Bélial (Juin 2022) – Une Heure Lumière – 114 pages – 8,90 € – 9782381630458
Couverture : Aurélien Police
Le Blend : une communauté de millions d’espèces sentientes vivant en paix dans ce qui ressemble au meilleur des mondes, un concert des nations à l’échelle galactique auquel vient de se joindre la Terre. Depuis l’arrivée de la délégation extraterrestre au siège des Nations Unies, l’humanité bénéficie de nombreux cadeaux destinés à lui faciliter la vie. Mais cela n’est pas sans contreparties. Ce qui intéresse le Blend, c’est une activité que cette société d’outre-espace patchwork ne sait plus pratiquer : la guerre. Un contrat a donc été conclu entre l’ONU et le Blend. Les premiers prêtent des soldats pour des opérations d’encadrement et de maintien de l’ordre. Les seconds se chargent d’équiper ces derniers, de les emmener sur zone puis de les rapatrier.
Lui, c’est un soldat de la force Opexx. Atteint du syndrome de Restorff, un déficit empathique, son efficacité en mission s’en trouve renforcée. Une qualité qui n’exclut pas les questions au fil des déploiements sur les théâtres d’opérations extrasolaires. « Répondez à l’appel de l’ailleurs ! » Tel est le slogan d’Opexx. Un ailleurs qui pourrait bien être avant tout un autrement…