Elisabeth Vonarburg est une autrice francophone de premier plan, québécoise dont l’œuvre reste étrangement peu connue en France. Après avoir publié Chroniques du pays des Mères, les éditions Mnemos nous permettent de (re)découvrir le silence de la cité.
Un monde post-apocalyptique majoritairement féminin
Les temps ont changé : des catastrophes climatiques mais pas que ont décimé les populations sur l’ensemble des continents. Pour se protéger des conséquences de ces événements, une partie de la population, privilégiée, a réussi à s’enterrer dans des Cités et ont pu continuer à mener une vie « civilisée », pendant que le reste de l’Humanité est resté coincé à la surface subissant des mutations génétiques majeures.
A la surface donc, les mutations génétiques se sont multipliées et la plus inquiétante d’entre eux à pour conséquence que la majorité des naissances sont des filles, la population prenant le risque de se réduire génération après génération car dans le même temps, l’espérance de vie chût dramatiquement. On pourrait penser que cette majorité de femmes leur permettrait de prendre du pouvoir ou en tout cas de bénéficier d’un meilleur traitement, mais cela n’est pas vraiment le cas et la plupart d’entre elles restent soumises au patriarcat.
Dans les Cités, la situation n’est guère meilleure : avec une technologie avancée, les différent·e·s scientifiques ont réussi à prolonger de façon très significative leur vie et continuent leurs recherchent pour permettre de trouver des solutions aux maux qui rongent l’humanité. Mais si l’espérance de vie augmente, il y a néanmoins un moment où le corps – et l’esprit – n’arrivent pas à suivre.
Elisa, une chance pour l’avenir ?
Elisabeth nous plonge dans la cité de Paul, un scientifique qui pense avoir trouvé une solution aux problèmes que rencontrent la population, et n’hésite pas pour réussir à prouver ses idées à prélever de l’A.D.N. sur des représentants de la surface, ne reculant devant rien pour atteindre ses objectifs. Et un des résultats de son expérience est la naissance d’Elisa, qu’il voit comme la nouvelle génération qui permettra de sauver une Humanité destinée à disparaître.
Mais la jeune femme reste seule et isolée parmi des machines et des hommes-machines (entendez par là des machines qui servent de représentants aux hommes et femmes trop faibles physiquement pour se déplacer) et n’a de contacts finalement qu’avec Richard, qui agit comme son grand-père et avec Paul donc qui sera d’abord un père avant de devenir un amant. Et grandir dans ses conditions est compliquée pour la femme, qui porte avec beaucoup de difficultés le poids du futur qui lui est imposé.
Rapidement, elle va s’atteler à poursuivre les travaux de Paul.
On parle du libre-arbitre ?
Ce que nous comprendrons rapidement, et qui sera visible dans chacune des quatre parties de ce roman, c’est la notion de libre-arbitre : le libre-arbitre d’Elisa d’abord qui devra faire le choix de continuer ou de ne pas continuer les recherches de son père, qui devra faire le choix de sortir de la Cité pour se confronter au monde ou de rester cachée. Ce sera aussi le choix de son genre (question qui se posera de façon plus largement à d’autres protagonistes plus tard), et des conséquences que cela pourrait ou non avoir ; ce sera aussi le choix que fera – ou non – Judith de mener une guerre contre les hommes, …
La deuxième thématique très présente est la question du genre, et nous pouvons dire que c’est une thématique sur laquelle Elisabeth était très en avance puisque la première parution du Silence de la Cité date de 1981 ! Pour faire simple, les différents enfants issus de la Cité ont la possibilité d’être Homme ou Femme et de changer cette réalité autant qu’elles / ils le veulent. Cette question du genre devient donc une question récurrente avec cette conclusion que, indépendamment du genre, l’esprit reste le même, si ce n’est que la perception du monde extérieur elle diffère.
J’ai découvert avec grand plaisir cet univers, et il est une bonne porte d’entrée pour connaître l’autrice que j’avais pu interviewer en 2019, une interview qui vous permettra d’en apprendre plus sur son parcours et sur ses actions, notamment au Québec. A noter qu’elle a reçu le prix Extraordinaire des Utopiales.
Mnemos (Septembre 2021) – 288 pages – 20 € – 9782354089252
La civilisation humaine est presque détruite et dans la cité souterraine où ils sont enfermés, les scientifiques cherchent une solution aux désastres qui rongent la Terre. Il reste une dernière chance : Elisa, l’une des rares enfants, fruit d’expériences génétiques, aux capacités physiques étonnantes, peut faire espérer une humanité résolument nouvelle.
Mais saura-t-elle se libérer de son passé ? Et qu’en sera-t-il des hommes et des femmes qui, hors de la Cité, ont survécu à la barbarie et aux mutations de toutes sortes ?