L’odyssée des étoiles de Kim Bo-Young est le premier roman de science-fiction Sud-coréenne à paraître en France. Si on se devait d’être plus précis, il s’agit des trois premiers romans puisqu’ils sont parus en trois temps… Nous pouvons remercier les éditions Rivages qui nous propose de découvrir cette œuvre dans la jeune collection Imaginaire.
Cette triple parution, ramenée en un seul volume, expliquera les différences importantes dans les trois parties de ce récit. Le coeur de l’histoire est une histoire d’amour, à travers l’univers. Pour pouvoir se marier, le couple devra donc se déplacer et se déplacement a des conséquences évidemment temporelles puisque le voyage à la vitesse de la lumière a tendance à impacter le temps…
Je t’attends…
correspond à la première partie du récit. Le futur époux doit attendre que sa fiancée revienne de l’autre bout de l’univers. Si ce voyage se fait à la vitesse de la lumière, cela veut dire que lui sera beaucoup plus vieux lorsque la rencontre pourrait avoir lieu. C’est la raison pour laquelle il va faire appel à une société qui lui permettra de tourner à la même vitesse que sa conjointe pour permettre de se synchroniser.
… c’était inévitable, parce que j’étais une réfugiée, une immigrée, une sans-le-sou. Parce qu’ils estimaient que je profitais de leur espace, de leur nourriture.
L’idée est bien entendue la bonne si ce n’est que les événements ne vont pas se dérouler comme prévus… Alors, nous allons découvrir au travers des lettres qui l’envoie à sa promise, les changements de plans et les événements qui vont rendre difficile ce mariage tant espéré.
La solution qu’il choisit pour tenter de sécuriser ses noces est de changer de vaisseau, quitte à se retrouver seul, dans ce qui va devenir une épreuve survivaliste, le futur-époux devant survivre seul ou pratiquement seul en espérant pouvoir sauver son mariage.
Je viens vers toi…
est le pendant de Je T’attends. Là où le mari tentait de trouver un subterfuge pour rester synchroniser temporellement avec sa future femme, cette dernière a pour enjeu de traverser dans les temps impartis l’espace – et donc le temps – qui les sépare. Mais comme pour son conjoint, la situation est loin d’être aussi simple qu’elle l’aurait souhaité. Alors que tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des vaisseaux, du retard est pris pour venir en aide à un équipage en danger.
Toujours par une correspondance épistolaire, nous découvrons page après page l’histoire de la jeune femme qui va se retrouver au fur et à mesure confronté à l’effondrement du modèle de société, devenant sur le vaisseau de plus en plus despotique.
Ceux qui vont vers le futur…
regroupe quatre textes qui rompent totalement avec les deux premiers récits. Fini la forme épistolaire, nous sommes plutôt ici dans ce qui ressemble à des contes. Chacun de ses textes questionnent toujours autour du voyage dans l’espace, avec le temps et tentent d’aborder certaines thématiques scientifiques. J’ai beaucoup moins adhéré à certaine dernière partie, probablement parce que j’ai trouvé le lien moins marqué avec les deux premiers textes qui se répondaient en miroir.
L’humanité va survivre. Comme des graines qui hibernent. Elles repousseront quand les conditions seront redevenues favorables. Même si elle répétera les mêmes erreur que par le passé, comme frappée d’amnésie.
Toujours est-il que cette parution est à découvrir, et à vivre comme une expérience, la forme épistolaire n’étant pas la plus commune pour le genre de la SF. Les deux premiers textes se répondent bien, en opposant tellement de sujets tant sur les caractères des deux protagonistes que des choix qu’ils feront. La question de la société que nous construisons et de l’avenir de notre planète est aussi très présente.
Un roman que j’ai bien aimé, tout en ayant beaucoup plus de distances avec la dernière partie… à savoir maintenant ce qu’il représente dans la culture SF sud-coréenne :).
Rivages (Septembre 2023) – Imaginaire – 271 pages – 22 € – 9782743661113
Traduction : Kyungran Choi et Pierre Bisiou (Coréen)
Couverture : Cameron Burns