Nouvelle autrice aux éditions ActuSF, Karine Rennberg nous propose un roman original sur la lycanthropie au travers de l’histoire imbriquée de 3 personnages. Il est à noter que Karine Rennberg est l’autrice identifiée comme “Pépite de l’Imaginaire” côté ActuSF.

Le loup-garou, l’homme et l’enfant

Comme vous l’aurez compris, l’histoire de Meute suit trois personnages et des interactions entre eux.

Le premier est Nath, un loup-garou des docks qui est entré sous la protection d’une meute dirigée par Marc. Bagarreur et peu enclin à se plier aux règles, Nath reste à la frontière de la meute, proche des solitaires. S’il accepte l’Alpha, c’est aussi parce que Marc l’a aidé au moment où sa transformation a eu lieu. Sa vie se résume avant tout cela à des missions où le physique est essentiel, à base de bastons.

Le second est Val, un homme des docks là encore, proche et amant de Nath. Habitué aux combats, et aux missions aux frontières de la légalité, il est le partenaire clef de Nath, prêt à tout pour lui éviter des dérouillées. Suite à une embrouille, il a perdu l’usage de la voix.

Le dernier est Loupiot, devenu plus tard Calame, un jeune garçon recueilli par la Meute pour une raison que nous ne connaissons pas, et qui refuse toute communication avec l’extérieur. Refusant de manger et totalement pris par la peinture, le jeune garçon – loup-garou par ailleurs – va rapidement devenir central à l’histoire.

En effet, d’étranges disparitions de loup-garous se multiplient, faisant craindre un drame et poussant les différents représentants de meute à se rencontrer. Durant cette rencontre, Marc demande à Nath de surveiller le jeune garçon. Mais cet exercice n’est pas simple, l’enfant refusant de se nourrir et d’être approché. Suspecté par le reste de la meute d’avoir maltraité le jeune louveteau, il cherchera à se détacher du sujet… Sans beaucoup de succès.

Un roman sur la famille

C’est bien de cela qu’il s’agit bien entendu. Dans ce monde que nous suspectons être notre futur (deux-trois indices nous le laissent penser en tout cas), les loup-garous sont devenus habitants comme d’autres. Les principaux besoins sont difficiles à trouver (fruits, essences, …), entraînant la multiplication des gangs et donnant de fait du boulot à Nath et Val. Nous n’en apprendrons pas plus que le nécessaire et c’est finalement pas si mal puisque le sujet n’est pas là.

Car La Meute se réfère à cette famille sous patronnage de l’Alpha,une famille prête à tout pour protéger les siens. Nous découvrons au travers du récit de Karine les rôles de chacun Alpha, Beta et Omega. Une famille capable aussi d’accueillir des membres extérieurs, comme ce fut le cas pour Nath et maintenant pour Calame. Nous découvrons surtout un gamin, traumatisé, et son intégration d’abord à la famille-meute de Marc avant qu’un lien particulier s’établisse avec Nath.

Et c’est bien là là le sujet : comment la relation entre les deux personnages, que l’on peut étendre à Val va se développer pour constituer un noyau dur face à l’adversité. Nous sentons que Calame a vécu des moments – terriblement – durs, et nous sentons chez lui le passage des sentiments dans un mode coloré (je vous laisse le découvrir). Mais il s’agit ici de la famille que l’on choisit, pas de la famille qu’on nous impose.

Reste que le style déstabilise, l’autrice ayant fait le choix, malgré une alternance des points de vue, d’utiliser un tutoiement qui ne s’adresse pas au lecteur mais au personnage actuellement “actif” (au sens, c’est son chapitre). Peu habitué à cette forme, il m’a fallu un peu de temps pour me mettre dedans.

Pour le reste, un roman qui parle de loup-garous mais surtout d’amitié et de famille.

ActuSF (4 mars 2022) – 20,90 € – 9782376864387
Couverture : Zariel

Roman atypique lycantrope, Meute suit les traces de Nathanaël, Val et Calame. Le premier est un loup-garou né de la violence et la solitude qui se débat au sein d’une meute qui ne lui convient pas. Le second est un humain à qui l’on a volé la voix. Quand le troisième entre dans leur vie bien malgré eux, des tensions s’installent et menacent de tout déchirer. Comment trouver son équilibre, dans un monde où les secondes chances n’existent pas ?
Ce récit fantastique est avant tout celui d’une tranche de vie, de ce moment où tout bascule entre le noir et la couleur.