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Nous sommes la poussière de Plume D. Serves

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Nous sommes la poussière est le premier roman de Plume D. Serves et a été publié en mai 2023 aux éditions Les Moutons Electriques. L’histoire d’Elias est passé de façon (bien trop) discrète dans le paysage éditorial français et c’est suite à une recommandation de Ketty Steward que je me suis lancé dans cette lecture… et c’est une recommandation totalement pertinente au vu de la qualité du texte !

Elias, une jeune femme en détresse…

Elias est une jeune étudiante qui vit encore chez ses parents. Elle semble être doté de tout ce qu’il faut pour réussir mais qui souffre d’un mal étrange. Elle a un certain nombre de symptômes qui lui gâchent la vie, allant de problèmes d’audition, à des problèmes respiratoires ou encore des difficultés à faire de l’exercice. Cette souffrance qu’elle ressent au quotidien, elle a du mal à la faire comprendre car, de médecins en médecins, les réponses sont toutes les mêmes à savoir que tout va bien et que, à la limite, il ne s’agit que d’une question de surpoids qui peut se traiter avec un nutritionniste.

Il y en a qui disent que notre hypersensibilité est un don incroyable, que cela fait de nus des genres de baromètres de la santé planétaire, nous qui faiblissons en même temps qu’elle.

Pourtant, la jeune femme souffre… Elle ne peut d’ailleurs qu’abandonner, contre son gré, les études qu’elle faisait, avec la conscience fondamentale que cela peut hypothéquer une partie de son avenir. Rien ne semble pouvoir l’aider à mettre un nom sur ce qui lui rend la vie aussi difficile jusqu’à ce qu’enfin elle soit entendue et que la “magnétophilie” soit découverte.

Cette découverte va avoir des conséquences importantes sur la société et par voie de conséquent sur la vie d’Elias et des siens.

… pour un récit finalement peu SF

Le récit que nous propose Plume est un récit qui sent le vécu et qui doit refléter ce que vivent les personnes souffrant de handicaps dits invisibles dans une société où le handicap est plutôt mal géré.

Dans Nous sommes la poussière, la dimension SF tient à cette magnétophilie, un mal dont la racine n’est que peu connue et dont souffre une partie non négligeable de la population. Pour faire simple, elles attirent à elle des particules avec un effet sur leur santé et potentiellement celles de leurs proches.

Sorti de cette dimension fictionnelle, le récit s’attache beaucoup à montrer ce que vit la jeune femme, à commencer par une errance médicale que beaucoup de malades mais aussi de parents de malades ont pu vivre. Alors que les symptômes semblent se multiplier, Elias ne semble pas recevoir l’écoute qu’elle devrait, et la “faute” lui est en quelque sorte remise dessus : comment faire quand on vous dit que tout va bien alors que vous ressentez que rien ne va ?

Tu parles de la médecine comme d’une machine à normaliser, comme dune institution qui oublie d’écouter les gens qu’elle entend soigner.

Au-delà de cette dimension médicale, la question aussi d’un monde qui ne prend pas en compte la maladie, voire qui va cherche d’une certaine façon à la cacher pour ne pas risquer une contagion – un peu comme un principe de précaution – est centrale dans cette histoire qui va suivre la jeune femme depuis son adolescence jusque son âge adulte.

Nous suivrons trois narrations d’ailleurs : celle principale d’Elias, celle d’un personnage associé au domaine médicale et inventeur d’une forme de contrôle des malades et un·e magnétophile.

J’ai trouvé dans la lecture de ce texte, un texte très intime, qui nous montre un aspect de la société qu’en tant que valide nous ne percevons pas.

D’autres formes de discriminations sont mises en avant dans ce très bon texte, que je vous laisserai découvrir.

Par contre, je trouve réellement dommage que le titre n’est pas bénéficié d’une meilleure relecture / correction par l’éditeur et je pense aussi qu’il aurait mérité une meilleure publicité…

Les Moutons Electriques (10 mai 2023) – 320 pages – 25 € – 9782361838478
Couverture : Melchior Ascaride

La vie d’Elias est une course d’obstacles. La vingtaine, elle tente de suivre ses études et de mener un quotidien normal, mais depuis toujours d’étranges symptômes la harassent, qu’aucun médecin ne parvient à traiter : autour d’elle, des voix s’élèvent. Quels sont ces magnétophiles dont la mise en lumière divise l’opinion publique ? De réunions militantes en désillusions sentimentales, Elias se lance dans une lutte pour faire reconnaître son mal invisible.


Une réponse à “Nous sommes la poussière de Plume D. Serves”

  1. D’accord pour la qualité du texte (et sa pertinence dans la description de l’autisme sous le nom de “magnétophilie”, voir ma chronique dans le lien)… mais aussi (hélas) les coquilles !

    Pour la promotion du titre, je pense qu’elle a été mal faite, insistant (trop lourdement au goût de certains) sur l’aspect militant du texte au détriment de l’aspect intime.

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