Capitale du Sud – Tome 2/3
Lancé il y a un peu plus d’un an désormais, la double trilogie de la Tour de Garde marque déjà l’univers de la fantasy française. Après Le sang de la Cité, première partie de Capitale du Sud, primé à la 25ème heure du Livre, Guillaume revient avec Trois Lucioles alors qu’entre temps est paru Citadins de demain, premier volume de la trilogie Capitale du Nord par Claire Duvivier. Tout cela aux éditions aux forges de Vulcain.
Si vous n’avez pas lu Le Sang de la Cité, faites demi-tour au risque de vous voir divulgâcher une partie du premier tome.
Nous en étions où déjà ?
Pour ceux qui ont lu le premier volume à sa sortie, bonne nouvelle, Guillaume a prévu de vous remettre dans le bain et vous proposant un résumé des événements du Sang de la Cité. Pour vous rappeler très sommairement, nous suivions Nohamux, dit Nox, un des deux suceurs d’os, l’autre étant sa sœur Daphné, qui avaient été recueillis par le Duc Servaint, duc de la Caouane.
En même temps épicier, négociateur et pourquoi pas assassin de son Duc, le jeune Nox menait une vie relativement tranquille jusqu’à ce que Servaintdécide de déséquilibrer la Cité en essayant de gagner de l’autonomie.
La conséquence s’est rapidement fait sentir avec l’augmentation des tensions entre les différentes maisons qui se conclura par plusieurs drames. Tout d’abord, le meurtre de la fille du duc de l’Hirondelle, la disparition de l’Olivier qui représentait une des deux sœurs fondatrices de la cité et surtout une guerre civile larvée qui ne demandent qu’une étincelle pour s’enflammer.
Nox a aussi pu découvrir une cité miroir, le Nihilo, qui reste un grand mystère pour lui. Ce monde est violent, notamment pour ceux qui se font prendre dans l’étrange brume qui semble dotée d’une vie et Nox a une relation particulière avec ce négatif de Gemina.
Retour au présent… et aux conspirations !
Retour donc à Gemina après ces événements qui ont secoués les maisons et exacerber les tensions. Deux clans se montent, l’un pro-Servaint et l’autre. Et il semble que tous aient décidé que Nox serait l’acteur central de ce qui se joue. Pas moins de quatre factions lui demandent d’être l’artisan de la chute du Duc.
Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une simple demande car, si certains essaient de jouer sur la haine que Nox devrait lui vouer, la pression, sous voix de menaces envers ses proches, positionnent le jeune épicier dans un jeu d’équilibre et une tension personnelle que nous sentons monter page après page.
Des hommes, des femmes et des enfants meurent à vos portes. Ils ont fui une guerre horrible, beaucoup ont fini au fond de l’océan parce qu’ils s’imaginaient trouver ici un refuge. Mais tout ce qu’ils ont obtenu, c’est d’échouer devant des murailles de pierre et d’y achever leurs vies tenaillés par la faim.
Car c’est cela le vrai talent une nouvelle fois de Guillaume, mis en exergue dans ce deuxième opus : mettre en avant l’humain, la personnalité et ce jeu pouvoir qui poussent femmes et hommes à mener des actions auxquelles ils adhèrent ou non. Et pour cela, Guillaume a aussi étendu son terrain de jeu, ajoutant à la ville une zone tampon, l’entre deux-murs, qui se révèlera un lieu de passage et commencera à nous faire sortir du la politique pure de la Capitale.
L’occasion de découvrir réellement le personnage d’Adelis, le personnage qui m’a le plus intrigué et le plus ému aussi. Elle est pour moi le personnage qui permet à Guillaume de faire sortir Nox de sa vision pure Gemina, de l’interroger sur ce qui se passe ailleurs et de pousser à la décision de fin de roman. Elle est aussi celle qui représente la voix des migrants (et au-delà du récit, bien sûr), l’espoir en des jours meilleurs mais surtout l’engagement au-delà de sa propre existence.
En route pour le final ?
Guillaume nous a donc une nouvelle fois transporté dans son récit, nous ouvrant un peu plus l’histoire de la ville, et son possible devenir. Nous sentons beaucoup plus arriver la connexion entre les deux trilogies même si je reste curieux de voir l’accélération que cela nécessitera. L’histoire a encore pris du volume pour notre plus grand plaisir et l’auteur a su garder le niveau (élevé) du premier volume.
Reste un point de frustration pour ma part : nous n’avons que peu parlé du jeu de la Tour de Garde et de son rapprochement au cœur de l’histoire… Pour le final probablement ?
Aux Forges de Vulcain (mars 2022) – 406 pages – 20 € – 9782373051094
Couverture : Elena Vieillard
Nox, l’ancien commis d’épicerie, est désormais seul maître à bord de l’échoppe Saint-Vivant. Il a pris ses distances avec la maison de la Caouane qui, enfant, l’avait recueilli. Mais personne n’est à l’abri des intrigues de la Cité. Dès la fin de l’hiver, tout ce que la ville compte d’opposants au duc Servaint s’est mis en tête que le duc devait mourir, et que la main qui le frapperait serait celle de Nox. Celui-ci consentira-t-il à tuer l’homme qui l’a élevé ? De sa décision dépendra le destin de Gemina.