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Paideia de Claire Garand

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Nouvelle parution aux éditions de la Volte, Paideia de Claire Garand nous projette dans un futur indéterminé où l’humanité a réussi son travail de sape en annihilant toute forme de vie… Mais là n’est pas le sujet…

Elles sont dix…

Une grande part de l’histoire pourrait se résumer ainsi… mais revenons au contexte !

La Terre n’est plus vivable, ni la Lune d’ailleurs puisque nous découvrirons rapidement qu’une ville s’est développée sur le satellite. L’humanité a persisté à s’auto-annihiler jusqu’à quasiment disparaître… Les seuls survivants sont des survivantes et leurs parents : 10 jeunes filles – âgées de 7 ans, au moins pour la narratrice – ont été envoyées en orbite. Leur univers se limite pour chacune à leur station spatiale, où elles vivent avec leurs parents, un animal de compagnie (un animex) et un robot pour réparer les éventuels dégâts sur la station.

Dans nos dix stations, nous apprenions à devenir les meilleures afin de sauver l’espèce disparue de notre monde originel et j’appréciais ma chance, moi, simple quatre-virgule-deux, d’avoir été choisie pour lever le flambeau de l’humanité. Même si je n’étais qu’une remplaçante.

Chacune d’entre elle semble avoir des connaissances particulières à mettre au service de la communauté et toutes sont orientées vers un futur où elles pourront “descendre” pour permettre de reconstruire l’humanité. En vue de cet objectif, elles assisteront à des cours en commun, virtuellement (pour cette dimension, nous sommes plutôt proches de la réalité des dernières années), qui montreront les tensions qui existent entre elles. D’ailleurs, elles s’évaluent mutuellement au regard d’une échelle de mesure de l’intelligence “Breuil-Rostocka”. Ce qui fait que notre narratrice, jamais nommée, est harcelée par ses camarades, son intelligence étant plus “faible” (4,2 contre 4,5 à 4,7 pour les autres).

Le temps approche de la Descente et de nombreuses questions se posent, des questions qui pousseront notre narratrice à tenter de comprendre ce qui se cache derrière les missions et ainsi prouver aux autres sa valeur.

… dans ce roman exigeant

Ce récit de Claire Garand demandera au lecteur de la concentration, le roman nous projetant dans des temps et des lieux que nous ne connaissons pas. D’ailleurs, c’est bien la difficulté que nous avons dans la narration : tout comme la narratrice qui ne sait jamais trop où est le bas et où est le haut, nous sommes un peu perdu dans le temps, dans les lieux et dans les interactions.

Tu es la mère de la nouvelle humanité.

Le mode de narration, centré sur le personnage de la jeune fille, renforce le huis-clos créé dans la station spatiale. Nous nous sentons à l’étroit dans le récit, tout comme la jeune fille, coincée entre ses parents et son petit animal. Nous nous sentons nous aussi seuls dans la narration que la spationaute tentant de percer en même temps qu’elle ce qui se cache derrière leur vie et leur futur.

Surtout, nous comprenons que toutes les jeunes filles ont été “programmées” pour être des mères, très jeunes et que la science a construit ces jeunes femmes pour pouvoir répondre aux enjeux de ré-humanisation de l’univers, à commencer par la Terre et la Lune.

De nombreuses questions sont posées dans ce roman. Beaucoup tournent autour des sciences, bien entendu, avec des scientifiques qui ont manipulés la génétique de façon à produire des filles-mères, et programmer leurs destins. Sur les technologies aussi avec cet entourage permanent qui redonne une direction et un sens à une population très décimée… C’est aussi la question de ce qui définit “être humain·e” comme nous le verrons à un moment suite à une action de notre rebelle.

C’est aussi la question de la prédestination, de notre réponse aux impératifs de la société. Car cette trajectoire semble être un destin incontournable pour les 9 fillettes hors la narratrice. Même si elles n’étaient pas toutes favorables et volontaires pour ce destin, elles ont fait passé leurs envies et leurs rêves après les contraintes d’une société, même disparue. La rébellion de notre narratrice semble être un cri dans l’espace, un rejet d’un système sans en avoir les moyens.

C’est la volonté de demeurer libre ou de le devenir, envers et contre toutes.

Le roman n’est pas un roman qu’on lit entre deux portes, il nécessitera de la part du lecteur une attention et une projection. Mais ça en vaut la peine !

La Volte (2 Février 2023) – 321 pages – 19 € – 9782370492135
Couverture : Anna Parraguette


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