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Une colonie d’Hugh Howey

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Hugh Howey est un auteur que nous avons découvert en France au travers de Silo (et des suites qui en font une trilogie) ou encore d’Outresable (qui vient d’être réédité au format poche), et les premiers romans se passent sur Terre, dans un temps que nous n’identifions pas de prime abord.

Partons à l’assaut de l’univers

Dans une colonie, nous quittons la Terre avec des fusées envoyées au quatre coins de l’univers pour fonder des colonies qui permettront à l’humanité de récupérer les différents éléments qui leur permettra de commercer et de survivre ou au moins de servir de points de relais. Comme les voyages dans l’espace sont longs et difficiles pour les êtres humains, une solution a été trouvée en mettant le vaisseau sous le contrôle d’une I.A. (Intelligence Artificielle) qui aura pour mission tout au long du voyage d’éduquer et de former des blastocytes. Comme vous êtes probablement dans la même situation que moi et que vous ne connaissiez pas le terme, une explication s’impose : les blastocytes sont des embryons avancés qui sont transportés dans des caissons spécifiques et qui seront « matures » au moment de l’arrivée sur la planète cible. Durant tout le voyage, chacun de ces embryons (ils sont 500 par vaisseaux) est formé au métier qu’il fera au sien de la colonie… Et de façon à avoir une colonie équilibrée, différents métiers sont prévus et différentes personnalités.

Arrivée sur la planète cible, l’I.A. évalue les chances de succès de la mission et en fonction de cela va prendre les décisions qui s’imposent pour dans le même temps assurer les objectifs de la mission sans perdre la propriété intellectuelle des éventuelles découvertes passées et futures.

Mais que s’est-il passé ?

Pourtant, si tout semble bien rôdé sur le papier, la situation est loin d’être claire sur le vaisseau dans lequel se réveille Porter, psychanalyste de l’expédition. Alors que leur formation est loin d’être terminé, il semble que l’I.A. est décidée de réveiller les adolescent.e.s. Le réveil est violent : des flammes et des éclairs semblent avoir rendus un certain nombre de modules inutilisables et ils vont devoir fuir leur berceau pour survivre et tenter de comprendre les événements… Rapidement, ils se rendront compte que sur les 500 colons prévus, seul une soixantaine a survécu.

Les causes de cet état de fait ne sont pas clairs, des échanges commencent à avoir lieu et les adolescent.e.s comprennent que l’intelligence de bord avait décidé de considérer la planète comme non viable et donc d’avorter (entendez par là, détruire l’ensemble des blastocytes) avant de changer d’avis au dernier moment. Au-delà de la non-compréhension de ce revirement, le constat est dramatique : l’ordre de destruction fait que seuls ont survécus les colons les moins utiles à la réussite de la mission : ce ne sont donc pas les élites qui sont restées en vie, mais bien des métiers de support comme des agronomes, des psychologues et même un philosophe. Et c’est donc dans un contexte particulier que la construction et la survie va s’organiser, avec les moyens du bord, et avec des tensions marquées.

Une histoire de triangle amoureux

Ce qui se trouve aussi au coeur de cette histoire est le triangle amoureux qui se met en place entre les 3 principaux personnages et les troubles que cela va nécessairement entraîner… Si nous imaginons dès le départ qu’une relation semble naturelle entre Porter et Tasri, la réalité va bientôt se révéler plus compliquée (et nous apprendrons la raison plus tard, bien que cela nous semble clair après quelques pages dans la tête de Porter). Alors que l’amour de Tasri vers Porter semble plus marqué que l’inverse, celui de Kevin vers Tasri risque de mettre en péril leur relation amicale.

Ce qui est gênant dans l’intégration de cette dimension, c’est que l’homosexualité trouve une justification qui questionne sur les idées de l’auteur ou en tout cas sur sa vision. Il n’y a aucun doute sur le fait que l’explication qui sera donné par l’Intelligence Artificielle en fera hurler plus d’un.e. Maladresse ou conviction personnelle, par contre, le débat reste ouvert. Nul doute en tout cas qu’il est étrange de lire cette « raison »…

Ce qu’il en ressort

La première chose que nous pouvons dire est que contrairement aux précédents romans de l’auteur, Une Colonie se situe très clairement dans la catégorie Young Adult, avec des protagonistes qui ne sont pas bien âgés et un scénario qui reste quand même relativement linéaire.

Il est intéressant de voir comment va évoluer l’intrigue, la première partie du récit étant la construction du deuil, alors que les colons découvrent qu’ils ne sont qu’à peine plus de 10% à avoir survécu. Ce deuil reste néanmoins assez compliqué à appréhender puisque rien dans la mise en place de l’histoire ne laisse sous-entendre qu’ils se connaissent, même virtuellement. Néanmoins, cet aspect est rapidement occulté par l’apparition de clans assez marqué entre ceux qui vont vouloir comprendre (Comme Porter, Tasri et Kevin) et ceux qui vont considérer que l’I.A. est la seule à pouvoir les sauver. D’ailleurs, ce côté plutôt binaires des personnages est probablement la seule faiblesse du roman : nous avons l’impression d’avoir d’un côté les gros bras et de l’autre les cerveaux (et de mon côté, je grossis aussi le trait ici ^^).

La trajectoire de Porter et de son groupe est plutôt prévisible, il est même étonnant qu’elle n’arrive pas plus tôt, et cela sera l’occasion de découvrir un monde étrange, et je ne suis pas loin de penser qu’une des créatures est un hommage au vers des sables de Dune…

Je dois avouer que je me suis laisser entraîner par l’histoire, comme cela a déjà été le cas dans les précédents écrits de Hugh Howey, ce qui confirme son talent, j’aurai apprécié un peu plus d’épaisseur des personnages… Reste qu’il s’agit d’un bon bouquin de SF :).

Actes Sud (Octobre 2020) – Exofictions – 293 pages – 22 € – 9782330140908
Traducteur : Aurélie Tronchet (Etats-Unis)
Titre Original : HalfWay Home (2019)

Un groupe de cinq cents humains a été envoyé dans l’espace pour coloniser une autre planète. Dans un état de semi-conscience, ils reçoivent une éducation dispensée sous forme de stimulations par une intelligence artificielle. Ils doivent se réveiller à trente ans, parfaitement formés pour appréhender leur nouveau monde.
Mais après quinze années, une explosion à bord du vaisseau tue la majorité d’entre eux et détruit la plus grande partie de leurs vivres. Pire, les soixante jeunes rescapés qui se réveillent n’ont pas terminé leur apprentissage et ne possèdent que les connaissances les moins utiles à leur survie. Nus, terrifiés, les adolescents tentent d’utiliser l’IA pour mettre sur pied leur colonie, mais les luttes de domination font bientôt leur apparition, et ils découvrent que leur pire ennemi n’est ni l’environnement hostile, ni l’IA, ni l’explosion qui a failli les tuer, mais le reste du groupe.


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