Le roman Corsaire de l’espace que nous ont proposé en ce mois de mars les éditions du Bélial attire l’oeil par sa couverture, signé Pascal Blanché, très pulp comme le veut la collection, et qui date de 1965.
Nouvelle Europe est attaquée
Les hommes se sont répandus dans l’univers, tout en ayant construit sur Terre une instance internationale étendue qui a permis de garantir la paix. Tout au fond de l’univers, une colonie française s’est installée, Nouvelle Europe, et tout se passe pour le mieux dans le meilleur des univers jusqu’à ce que les habitants se fassent envahir par les Alérioniens, avec extermination de la population.
Si les raisons de l’attaque sont clairement liées à la volonté des envahisseurs de limiter l’expansion de l’humanité dans l’univers, la position de la Fédération mondiale (terrienne) ne cesse de surprendre : malgré une demande forte de la France d’intervenir, la décision est de laisser Nouvelle-Europe se débrouiller pour éviter un conflit plus important !
Gunnar Heim, qui est devenu homme d’affaire après avoir eu une carrière dans la marine spatiale ne peut entendre cette réponse et va se battre pour réussir à sauver hommes, femmes et enfants présents sur Nouvelle Europe. Mais va-t-il en avoir les moyens?
De l’inconvénient d’être corsaire
La solution est relativement simple pour l’ex-marine : devenir corsaire et réunir son propre équipage pour foncer sur place. Les raisons qui le poussent à agir ne sont pourtant pas totalement claires. Après avoir pris la décision (bien plus tardive qu’on ne le pense au vu du quatrième de couverture), tout n’est pas réglé… Il faut donc trouver un équipage de confiance qui acceptera de jouer sa vie pour des humains qu’ils ne connaissent pas, il faudra passer les différents blocages administratifs – et tout particulièrement celui concernant l’armement, et bien entendu, tout cela avec la discrétion nécessaire.
Le roman de Poul Anderson se lit donc comme une vraie histoire de pirates, de pirates de l’espace certes, mais des pirates… On y trouve aussi de nombreuses considérations politiques, autour de la guerre et de la gestion de l’agression de l’allié, même s’il ne s’agit pas d’une alliance à proprement parler…
On ne peut pas faire l’impasse sur cette remarque sur l’inaction au vu de préserver une paix illusoire qui eut pour conséquence par le passé de renforcer certaines oppressions, on ne peut pas, même si le roman est de 1965, ne pas penser à la posture internationale sur un certain nombre de combats où nous n’allons pas au-delà d’une indignation de façade.
Il est aussi question de l’acceptation de l’autre, dans ce qu’il est différent, comme on le voit notamment avec l’ambassadeur Alérionien, qui semble finalement être plus proche de nous que de son peuple d’origine. L’amour aussi est présent, et la question de la forme que peut prendre la défense de la paix est là aussi centrale : il y a ceux prêt à tout pour maintenir la paix, quitte à employer les mêmes armes que les belligérants, et ceux qui considèrent que pour garantir la paix, il faut préparer la guerre.
Ce roman est divisé en trois parties, qui correspondent dans un premier temps à la mise en contexte de l’agression et, d’une certaine façon, la gestion « diplomatique » de la crise, qui sera suivi de la partie préparation au combat, et armement du vaisseau avant que la dernière nous emmène réellement au combat.
Un roman qui s’inscrit dans son époque, un pulp que vous pourrez lire sur la plage, les doigts de pied en éventail, en rêvant de l’espace.
Le Bélial (Mars 2023) – 295 pages – 20,90 € – 9782381630823
Traduction : Pierre Bilon révisée par Pierre-Paul Durastanti et Olivier Girard
Titre Original : The Star Fox (1965)
Couverture : Pascal Blanché
Loin, très loin dans les Marges galactiques : Nouvelle-Europe, minuscule colonie française perdue au cœur de l’espace profond, coule des jours paisibles. Jusqu’à ce que les Alérioniens, une race extraterrestre résolue à contenir l’essaimage humain, s’emparent de la planète et déciment sa population. Sur Terre, la Fédération mondiale est pétrifiée. De peur d’un embrasement général, et malgré l’insistance de la France, la Fédération paraît décidée à laisser faire. Or, il semble bien qu’il y ait des survivants sur Nouvelle-Europe… Pour Gunnar Heim, ancien commandant de marine spatiale devenu capitaine d’industrie, c’est inacceptable. Si les gouvernements terriens refusent de prendre leurs responsabilités, qu’à cela ne tienne, lui prendra la sienne. Quitte à se faire… corsaire de l’espace !