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Dans l’ombre de Paris de Morgan of Glencoe

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La dernière Geste, premier chant – 1/5

Si vous entrez dans La Dernière Geste de Morgan of Glencoe, vous devez vous attendre à entrer dans un cycle qui sera en cinq volumes, dont trois sont déjà parus (en plus de Dans l’ombre de Paris, vous pouvez ajouter L’Héritage du rail et Ordalie).

Publié aux éditions Naos, le label d’imaginaire pour un public plus jeune du groupement ActuSF, Les Moutons Electriques et Mnemos, La dernière Geste est un roman uchronique mais pas que…

Une royauté toujours présente

La première rencontre que nous faisons avec Yuri, la princesse japonaise qui sera au coeur du récit, nous permet d’en apprendre beaucoup sur ce monde que nous propose Morgan of Glencoe.

L’univers que nous propose Morgan Of Glencoe est pratiquement contemporain (fin du XXème siècle) et le monde est divisé en deux groupes : le premier englobe le Royaume de France, le Japon et le Sultanat, de l’autre Keltia. La grande différence entre ces deux blocs se situe au niveau du traitement réservé aux créatures féériques parmi lesquelles les fées sont présentes tout comme les fomoires ou encore les feux follets. Alors que du côté de Keltia, toutes les communautés vivent ensemble, ce n’est pas le cas ailleurs où les fées sont considérées comme des animaux, tout juste bons à se donner en spectacles comme nous le découvrons dès la première scènes.

Comme vous l’aurez compris, la France telle que nous la connaissons n’existe pas : la Royauté s’est maintenue et le Roi actuel, Louis XX, règne désormais sur une grande partie de l’Europe. Mais, ce maintien de la monarchie n’a pas totalement empêché le développement scientifique et industriel puisque nous découvrons au fil des pages l’existence des caméras, des baladeurs voire même des casques de réalité virtuelle !

Un mariage annoncé

Une fois le décor planté, de quoi parle le récit de Morgan Of Glencoe ?

Il parle avant toute chose d’un mariage arrangé et même forcé. En effet, de façon à pouvoir renforcer la relation entre le Japon et le Royaume de France, Nekohaima, ambassadeur du Japon à Paris, a proposé un mariage entre Yuri, sa fille, et le Dauphin de France. Bien que non informée de cette décision, l’éducation de la jeune femme lui permet de tenir son rang et de donner le change durant son arrivée dans la capitale.

Et il semble que ce mariage ne ravisse pas tout le monde puisque, durant son voyage par le Rail, elle aura été victime d’une tentative d’empoisonnement, ne devant sa survie qu’à la réactivé du médecin à bord du train, un spectre. Ce voyage, et sa réaction face aux différent·e·s employé·e·s du train montre d’ailleurs le résultat de son éducation, et notamment vis-à-vis des créatures féériques.

Arrivée à Paris, et comprenant donc qu’elle a été trahie par son père, la jeune femme passera du temps à découvrir le jeune Dauphin avant d’avoir l’opportunité de fuir et de rejoindre les égouts et ceux qui se font appeler les rats.

Elle découvrira sous terre un monde qu’elle n’imaginait pas, un monde où les fées sont les égales des hommes (ou les hommes des fées) mais bien entendu, sa famille et celle du Dauphin vont tout faire pour la retrouver…

Une lutte contre les stéréotypes et l’éducation

Très rapidement dans le roman, les thématiques sociétaux habituels vont surgir dans le récit à commencer par l’acceptation de l’autre. En effet, dès le premier voyage en train, on sent que ce rejet de l’Autre pour ce qu’il est constitue une grande part de la société, couplé à une forme de lutte des classes. Les nobles humains considère le petit peuple comme corvéable à merci et nobles et petit peuple contre les créatures féériques considérées donc comme des sous-hommes. En cette période cruciale de notre démocratie et en cette période d’élection, et sans vouloir donner une portée autre au récit, nous voyons bien comment s’est construit cette être de l’autre. Cette haine est notamment visible dès le premier chapitre avec le combat de fées. Nous le retrouvons aussi durant le voyage de Yuri dans ce train où les voyageurs et voyageuses gardent leurs distances avec les membres d’équipage.

Mais ce n’est pas bien entendu que lorsque la princesse découvrira les Rats qu’elle comprendra la portée de son éducation. Le passage d’un monde totalement codé et codifié à une utopie où tout le monde agit pour le bien de tous, indépendamment de sa race (fée ou homme), de sa naissance, de son genre ou de sa sexualité est une vraie gifle que recevra la jeune femme et qui l’a mènera sur une remise en cause de sa réalité et de son éducation. Et cela commence par la place de la femme dans ce Royaume, bien entendu.

On pourra trouver que les personnages sont un peu trop manichéens, et que finalement le monde est beaucoup plus nuancé dans la réalité : la formule fonctionne néanmoins et vous serez rapidement emporté·e·s dans cette histoire.

Naos (septembre 2019) – 17,90 € – 456 pages – 9782366294750
Couverture : Zariel

Depuis des siècles, les humains traitent les fées, dont ils redoutent les pouvoirs, comme des animaux dangereux. 
Lorsque la princesse Yuri reçoit une lettre de son père lui enjoignant de quitter le Japon pour le rejoindre, elle s’empresse d’obéir. Mais à son arrivée, elle découvre avec stupeur qu’elle a été promise à l’héritier du trône de France ! Dès lors, sa vie semble toute tracée… jusqu’à ce qu’une femme lui propose un choix : rester et devenir ce que la société attend d’elle ou partir avec cette seule promesse : « on vous trouvera, et on vous aidera. » 
Et si ce « on » était la dernière personne que Yuri pouvait imaginer ?


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