« Eutopia » est le nouveau roman de Camille Leboulanger publié chez Argyll éditions. L’auteur quitte la fantasy, avec son roman « Le chien du forgeron », pour nous faire voyager dans une science-fiction optimiste et rafraîchissante.

Fans de science-fiction sombre, pessimiste, dans laquelle l’humanité se meurt, amateurs de dystopies en tout genre, de complots et de guerres, passaient votre chemin, car « Eutopia » sent bon l’optimisme, fleure bon l’utopie écologique où la propriété n’existe plus, dans laquelle le partage est le maître-mot. Ici, il n’est point question de vengeance et de meurtre, mais d’amour et de travail ; Camille Leboulanger nous offre une vision d’un futur positif, chose plutôt rare pour être souligné. Mais de quoi parle donc ce roman de presque 650 pages ?

Nous suivons donc la vie d’Umo : son enfance, son adolescence, sa vie d’adulte, pour finir par son passage vers le troisième âge. Nous y découvrons son parcours : son apprentissage, ses amours, ses travaux et ses doutes. Le livre regorge de personnages secondaires qui croiseront la route d’Umo, pour le meilleur, et parfois le pire. Nous découvrons donc ce monde à travers ses yeux, nous détaillant au fur et à mesure des pages les particularités de son univers, au fil de ses pas à travers différentes villes : Pelagoya, son village d’enfance, Antonia, Télégie ou encore Opéra.

Il y est question du « siècle des camps », qui correspond à notre époque actuelle, monde capitaliste et propriétariste qui parquait les humains dans des camps, époque de grande violence et de différences sociétales multiples. Notre histoire se déroule environ 200 ans plus tard, et la déclaration d’Antonia a mis fin à toutes ces disparités : le concept de propriété a disparu, et chaque être humain et libre de ses choix et de sa vie. Même les enfants ne sont plus la propriété de leurs parents : à trois ans, l’enfant quitte le giron de ses parents et devient la responsabilité de la communauté. Dans le roman, seul un personnage remet en question cette situation, Gob, le grand amour d’Umo : elle n’a jamais supporté de quitter ses parents biologiques et remet en question certains fondements de la déclaration d’Antonia.

« Eutopia » est riche en personnages, lieux et rebondissements ; il fourmille d’une multitude de détails, mais ne tombe jamais dans le moralisateur. Ce monde parfait a aussi ses défauts, même peu nombreux, et plusieurs situations et événements remettent en doute les fondements de cette utopie ; Umo aura même à de nombreuses reprises des incertitudes, qu’il n’hésitera pas à nous conter.

L’auteur s’est inspiré des travaux du sociologue et économiste français Bernard Friot, dont je vous invite à découvrir les écrits, pour nous inventer un univers unique et rafraîchissant. Le projet était ambitieux, et Camille Leboulanger l’a réussi haut la main. Le récit est lent, beau et enivrant, et nous ne pouvons qu’adhérer à ce roman qui en oublie l’action pour faire place entière à cette histoire si humaine.

« Eutopia » est un roman à découvrir de toute urgence.   

Argyll éditions (6 octobre 2022) – 656 pages – 24,90 € – 978-2-492403-59-0

Couverture : Xavier Collette

Selon la Déclaration d’Antonia, il n’y a de propriété que d’usage. Chaque être humain est libre et maître en son travail ; le sol, l’air, l’eau, les animaux et les plantes ne sont pas des ressources. Et le monde est un bon endroit où vivre, si tant est qu’on se donne la possibilité de le construire ensemble.
Umo est né et a grandi à Pelagoya, entre la rivière et les cerisaies. Puis les voyages et la musique ont rythmé ses jours, de son village natal à Opera, en passant par Télégie et Antonia. Voici le récit de sa vie, ses amours, ses expériences, ses doutes, et de toutes les personnes qui ont un jour croisé sa route.
Voici tout le chemin qu’il a parcouru, tout le travail et l’amour qu’il a faits.
Voici Eutopia.