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Eversion d’Alastair Reynolds

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La première chose que nous pouvons dire de ce nouveau roman Eversion d’Alastair Reynolds, aux éditions Le Belial concerne la couverture : elle est sublime et attire l’œil… Un grand bravo à Amir Zand pour son travail qui rend hommage au titre en confirmant – ce qui n’est pas évident dans les premières pages – le caractère science-fictionnesque du roman… Mais de quoi parlons nous ?

A la recherche de l’Edifice…

Quelque part à la fin du XVIIIème siècle ou au début du XIXème, la goélette Demeter se trouve du côté des côtes norvégiennes et se dirige vers le nord sur les traces d’un étrange Edifice dont peu de personnes connaissent l’utilité ni de l’intérêt que lui porte le bienfaiteur russe Topolsky. Sur ce bateau, le médecin Silas Coade (par ailleurs le narrateur) doit faire face à une situation requérant tout son savoir faire : le colonel Ramos a été victime d’un incident à bord, un coup au crâne qui entraîne le besoin de faire une trépanation. Cet incident ne bloque pourtant pas la mission du Démeter qui va poursuivre sa route pour rejoindre l’Edifice, la trajectoire étant donnée par le retour d’une précédente expédition menée sur la goélette L’Europe.

Eversion : Renversement vers l’extérieur des bords d’un orifice, laissant apparaître le revêtement muqueux de sa face interne.

Larousse

L’équipage est réduit sur le Déméter, chacun ayant un rôle précis dans l’organisation : nous avons donc le colonel Ramos, responsable de la sécurité à bord, Silas Coate le médecin de bord, Topolsky donc le financeur, Ada, dont nous ne comprenons pas trop le rôle dans le tableau général, si ce n’est de taquiner le médecin sur sa marotte consistant à écrire un roman, Dupin dont la passion pour les mathématiques est particulièrement mise en avant ainsi que quelques autres que vous laisse découvrir.

L’aventure continue donc pour cet équipage mais le sort de L’Europe et le sentiment que certaines informations leur sont cachées va précipiter l’action.

… de façon itérative

Comme nous le constaterons assez rapidement, des choses étranges jalonnent le récit… Notamment, notre médecin, dans ces écrits, imagine des équipements et des modes de transport qui n’existent pas à l’époque de l’aventure. En effet, Silas imagine un bateau à vapeur, et dans le même temps à l’impression à plusieurs reprises d’avoir des relents des actions qu’il est en train de faire. Ces petites anicroches dans l’esprit du médecin interpelle le lecteur / la lectrice que nous sommes, faisant poindre un non-dit, un sous-entendu, ou le sentiment que nous ne sommes pas au bon endroit.

  • Je t’aimais davantage quand tu jurais moins, Ada.
  • Je t’aimais davantage quand tu pleurnichais moins, docteur Coade. Mais on est comme on est.

Si vous avez lu le quatrième de couverture (ce que je ne vous recommande pas), vous aurez une idée de la trame mais ce n’est pas essentiel à la lecture que nous propose Alastair Reynolds. Tout au long du récit, nous nous demandons ce qui arrive aux différents membres d’équipage, nous avons du mal à comprendre dans quelle(s) boucle(s) ils sont rentrés et, plus que tout, quel est la nature de cet édifice qui les attirent autant.

Les quelques personnages que nous suivons semblent jouer un rôle, dans une histoire plus complexe et le docteur lui-même est particulièrement intéressant : doté d’une empathie importante, il semble malgré tout subir un certain nombre de faits et d’action te, notamment, nous avons du mal à comprendre sa relation avec Ada, la seule femme à bord…

Avec beaucoup de talent, Alastair Reynolds nous guide dans ce roman de SF pas comme les autres, où la présence de bateau et de ballon détonne avec la couverture. Restera qu’au-delà de l’aventure, l’auteur nous questionne sur ce qui définit l’homme et l’humanité, un questionnement fréquent dans les romans de Science-Fiction…

Ah la référence à Ada Lovelace me semble évidente… Mais on pourra en parler :p

Le Bélial (23 février 2023) – 320 pages – 23,90 € – 9782381630755
Traduction : Pierre-Paul Durastanti (Royaumes Unis)
Titre Original : Eversion (2022)
Couverture : Amir Zand

Qui est Silas Coade ? Où se trouve-t-il ? Et quand ?
Un médecin, sans doute, à bord de la goélette Demeter, à l’orée du XIXe siècle, perdu dans les eaux norvégiennes en quête d’un Édifice dont il ignore tout ? Ou plutôt à la fin de ce même siècle, non loin du pôle Sud, sur la trace de ce même Édifice, prêt à rejouer un désastre annoncé ? À moins qu’il ne soit dans les entretoises d’un dirigeable, quelques dizaines d’années plus tard, en route pour le cœur de la Terre, sur la piste, toujours, de cette structure cyclopéenne mystérieuse ?
Silas Coade est médecin, et il se peut qu’il ne cesse de mourir à jamais, ici, là ou ailleurs… À moins d’envisager l’inenvisageable, et d’affronter l’impensable.


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