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Ginkoo-Bilooba de Philippe Caza

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Philippe Caza est bien entendu connu pour les nombreuses couvertures de collection de Science-Fiction, mais aussi pour ses oeuvres dans le domaine de la Bande-Dessinée et il est un peu moins connu pour ses textes… Les éditions Arkuiris – qui nous ont été présentées par Yann Quero dans une interview – nous propose de découvrir une utopie au travers d’un fix-up… Un peu de positif dans notre monde actuel n’est évidemment pas pour me déplaire :).

Le monde a changé

Il est bien entendu évident que pour pouvoir nous proposer un monde utopique, il faut que nous ayons fait un peu de ménage… Ce ménage a été fait, merci à la nature, même si nous avons bien du mal à reconnaître notre France où le tropical a pris largement le dessus, changeant à tout jamais notre façon de vivre…

Ce changement de vie est aussi nécessaire par la disparition de tous les équipements électroniques et il n’est donc pas surprenant que cette utopie soit aussi marqué par un retour à la nature. Moins d’humanité sur la terre et moins de technologie rendent l’ambiance un peu plus sympa… D’ailleurs, nous allons suivre au travers de ce fix-up (entendez par là qu’il s’agit de différentes nouvelles reliées entre elle par une trame générale), une jeune femme, Valentina, qui est journaliste à l’Ekoo de Ginkoo. Bon, journaliste est peut-être un grand mot dans la mesure où elle ne s’adresse qu’à son village (moins de 200 personnes) et qu’elle doit tout faire à la main (on vous l’a dit, plus de technologie).

Dans certains pays, on parachutait des millions de capotes et de pilules explosives, on bouffait du soleil vert, on jouait au baby-basket, et on laissait le cocacola et le roundup en vente libre…

Sans compter l’effervescence climatique, le taux de CO2, la montée des eaux, l’attaque des phtalates cosmiques et la grippe espagnole – le retour. Mais ce n’était que quelques milliers de fœtus en moins dans un océan de dix, douze, quinze milliards d’humains qui continuaient à baiser comme si l’espèce était menacée de disparition.

Au travers de son regard et de ces différents métiers, nous allons découvrir ce nouveau monde où évidement les principes ont évolué, à commencer par le vestimentaire, l’alimentation et la consommation au sens large. Ce monde semble plus joyeux, prêtant moins le flanc aux discriminations (la jeune femme peut se balader légèrement / pas vêtue sans risquer l’agression), la notion de propriété semble elle aussi être une notion peu importante.

Mais que s’est il passé ?

La jeune femme, s’appuyant aussi sur la connaissance de son grand-père qui a vécu la chute de notre monde moderne, va tout au long de ce roman, recueillir les histoires qui pourraient expliquer la chute de la civilisation… Comme on le découvrira au fur et à mesure, les explications sont plus étranges voire improbables les unes que les autres.

Ce récit est une vraie bouffée d’air frais, une vraie ode à la bonne humeur, les personnages que nous rencontrons et leurs péripéties étant toujours avec une conclusion plutôt joyeuse.

J’ai bien aimé la plume de Philippe, une plume où l’orthographe a pris un peu de distance, du fait du côté devenu désuet de nombreux termes technologiques… Pour autant, les thématiques abordées sont nombreuses autour de notre quotidien de consommateurs, de technophiles et la vie de nos descendants décrits dans ces différentes nouvelles nous permettent de mieux appréhender ce qui est important.

Difficile de partager le détail de chaque nouvelle, cela vous gâcherait le plaisir, et je conclurai en ajoutant que l’ensemble est richement illustré et en couleurs, avec cette patte que l’on connait de Philippe, avec une qualité du livre en lui-même, qualité du papier et de la mise en page : un bel objet pour résumer en un mot.

Des histoires à découvrir donc pour sortir de la morosité ambiante 🙂

Editions Arkuiris (Octobre 2022) – 318 pages – 18 € – 9782919090396
Couverture et Illustrations : Philippe Caza

Ce fix-up – ou roman composé de nouvelles – est sous titré “Chronique d’une utopie modeste”, mais il pourrait aussi s’appeler “Remède à l’écoanxiété”.
Les personnes inquiètes de la dégradation accélérée de la planète seront en effet surprises devant cet exploit de Philippe Caza, de nous présenter une Terre d’après l’effondrement (la “Grande Bistouille”) qui ne soit pas déprimante.
La performance est d’autant plus remarquable qu’il n’y a pas de naïveté, ni d’illusions dans cette “utopie modeste”.
Avec une inventivité verbale rare, Philippe Caza nous donne à voir la vie quotidienne dans une France devenue tropicale au XXIIè siècle.


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