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La couleur du froid de Jean Krug

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Reçu en Service de Presse

Ce troisième roman de Jean Krug nous renvoie au froid, comme le premier Le chant des glaces et après nous avoir emmené dans une Cité d’ivoire où les températures étaient plus chaudes et toujours aux éditions Critic.

2070 et le commerce du froid…

La Terre s’est réchauffée. La conséquence d’une activité humaine qui ne prend pas son écosystème en compte et a poursuivi sa fuite en avant, rendant la situation de plus en plus critique. Le froid devient une denrée rare, et comme toute denrée rare a donc un prix. C’est la raison qui a poussé de nombreuses entreprises à monétiser le froid. Les sociétés dont a hérité Mila Stenson ont commencé sur cette ligne avant d’étendre les activités autour de l’augmentation humaine ou encore le voyage martien, même s’il faut avouer que cette dernière filiale n’est pas au mieux de sa forme.

L’histoire de la jeune femme lui a rendu le froid particulièrement repoussant, et ce sont bien les rêves qu’elle fait, couplés à son désir de comprendre ce message qui lui est adressé qui vont la pousser à rejoindre l’Antarctique et tenter de percer le mystère de cet étrange langage.

La société actuelle méritait elle vraiment que l’on s’échine à chercher une solution ?

De son côté, la glaciologue Valda Kalitsch a toujours tenté de comprendre la glace, elle en a fait son métier et travaille à ce titre pour des entreprises, qui sont de moins en moins nombreuses à la solliciter… probablement parce que peu de personnes sont attachés aujourd’hui aux possibles avancées scientifiques et aux éclairages qu’ils pourraient apporter pour résoudre les crises climatiques.

Dernier maillon essentiel de cet équipe, Paul, technicien polaire et artiste, a perdu sa sensibilité aux couleurs, suite à un traumatisme qui le ronge depuis de nombreuses années.

Le temps semble changer, le froid semble se réimposer et tout cela semble bien lié à Mila et son histoire…

… et une nouvelle vision du froid

Pour ceux qui n’aurait pas l’information, et elle est d’importance pour comprendre certains aspects du texte, Jean est un glaciologue, qui a notamment eu l’occasion à plusieurs reprises de réaliser des voyages pour partager les dangers du réchauffement climatique. Il est évident que Valda, dans sa vision et dans ses questionnements, a une forme de proximité avec l’auteur. Notamment, cette ambiguïté de la participation du scientifique à un système qui est par lui-même polluant. Il ne doit pas être facile de concilier son amour du froid, son goût pour la science et l’impact de ce tourisme sur le réchauffement climatique.

J’étais une des façons de justifier les croisières dans ces zones authentiques. J’étais l’argument de vente d’un business polluant et juteux. Je le savais bien. N’empêche, ça me plaisait. Ce coût, moral, j’avais accepté de le payer.

Une fois cette explication faite, il est intéressant de voir que les différents protagonistes – ou en tout cas les principaux – de ce nouveau roman sont toutes et tous isolé·es avec des fractures qui en font des personnages au bord de la rupture. Mila en tout premier lieu. La jeune femme considère que le froid lui a pris sa famille, ses parents, qui se sont éloignés d’elle pour continuer leurs expériences et leur découverte scientifiques. Elle a donc un rapport très particulier à son . Les rêves / cauchemars qui commencent à occuper ses nuits ravivent un passé qu’elle aurait peut être préféré oublier.

Le personnage de Valda porte une culpabilité qui est plus proche à mon sens de cette difficulté à concilier son métier et ses convictions, et – mais peut-être Jean me contredira – me semble refléter celles de l’auteur.

Du côté de Paul, j’hésite à le définir par la culpabilité de ne pas avoir réussi à sauver sa femme et l’espoir qu’elle ne soit pas morte, et cette ligne sur laquelle il est en équilibre tout au long de l’intrigue nous tiendra en haleine.

Bien sûr, le thème est le froid, autour de ces personnages, avec une forme de froid vivant, mais je ne vous l’expliquerai pas plus, car il s’agit réellement de la partie originale et intéressante de ce roman où l’inquiétude n’est plus, comme de nos jours, l’inquiétude par rapport au réchauffement généralisé mais l’incompréhension quant à une chute des températures scientifiquement inexplicable.

Un roman qui montre que Jean Krug sait emmener son lectorat et que son expérience du froid transpire dans chacun de ses textes autour du sujet !

Editions Critic (17 mai 2024) – 540 pages – 9782375793046
Couverture : Aurélien Police

Et si le réchauffement climatique s’inversait ?
Une bonne nouvelle ? Pas si sûr…

Antarctique, 2070.

Mila Stenson est l’héritière tourmentée d’une multinationale tentaculaire, fondée sur le cryo-dollar et le réchauffement climatique. Mais la chute inexpliquée des températures menace son empire et des rêves étrangement réalistes troublent son sommeil.
Lorsqu’elle apprend qu’un message rédigé à son attention dans une langue inconnue a été détecté dans la glace, c’est le déclic. Accompagnée par Valda Kalitsch, une climatologue maladroite et brillante, et Paul Damann, un technicien polaire rongé par son passé, elle décide de répondre à l’appel austral. Une enquête dans la poudreuse et le vent déchaîné, à la toute pointe du froid, avec la promesse de comprendre, peut-être, qui ils sont vraiment.

Un récit tout aussi rafraîchissant que Le Chant des Glaces et impactant que Cité d’Ivoire. La Couleur du froid nous plonge une nouvelle fois au cœur des tourmentes polaires. Un récit fleuve et choral conjuguant vulgarisation scientifique et beauté violente des pôles, qui débute comme une aventure à la Jack London et nous emporte bien vite vers des pistes inattendues…


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