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La mer de la tranquilité d’Emily St. John Mandel

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En cette rentrée littéraire, les titres imaginaires ne manquent pas, et c’est au tour des éditions Rivages de nous proposer dans leur collection imaginaire le nouveau roman d’Emily St. John Mandel. La mer de la tranquilité va vous faire voyager à travers plusieurs époques, du début du XXème siècle au tout débutu du XXVème…. Un voyage en 4 temps, sur un air de musique entêtant…

Angleterre – 1912, le temps du départ

Tout commence par notre rencontre avec le jeune Edwin St. Andrew. Âgé de 18 ans, le jeune homme est prié de quitter l’Angleterre et sa famille bourgeoise pour rejoindre le Canada. Il est vrai que le jeune homme n’a pas su tenir sa langue à plusieurs reprises, notamment sur les questions coloniales, avec des idées progressistes qui ne semblent pas du tout être du goût de ses parents.

Détenteur d’une rente qui lui permet de vivre de façon plutôt correcte et de faire des rencontres, de découvrir le monde, jusqu’à ce qu’il se retrouve dans une forêt, dans les bois de Caïette du côté de Vancouver et qu’il entende comme une berceuse, à base de violon qui va venir l’interpeller… Ne comprenant pas l’origine de ce bruit, il va le suivre et rencontrera le nouveau prêtre de l’église qui le questionnera sur son expérience.

Aucune étoile ne brûle éternellement. On peut dire “C’est la fin du monde” avec conviction, mais ce qui se perd dans l’usage de cette formule, c’est que le monde finira bel et bien un jour – au sens littéral. Pas “la civilisation”, quoi que signifie ce mot, mais la planète à proprement parler.

Bond dans le temps pour une deuxième partie du roman, qui va nous mener dans les premières années du XXIème siècle, au début de la pandémie de Covid avant de vous refaire faire un bond dans le temps en 2203 où nous pourrons faire la connaissance d’une romancière, Olive Llewellen, en pleine tournée du fait de son succès de son roman, parlant d’un après-pandémie là où la civilisation subit une nouvelle pandémie.

Dernier bond, nous voici en 2401, en relation avec la physicienne Zoey, dans les colonies lunaires, qui s’interroge sur un certain nomlbre d’anomalies qui semblent perturber les flux temporels.

Simulation or not simulation

Nous comprenons rapidement que cette fameuse musique entendue n’est pas “normale” et que quelque chose semble perturber notre réalité. Pourtant, le cheminement de l’autrice ne va pas nous permettre de comprendre dans l’immédiat où nous nous dirigeons : nous découvrons les différents personnages dans leurs époques respectives avec uniquement ce lien musical tenu… Et cet homme qui semble toujours vouloir savoir ce que nos personnages ont pu vivre comme expérience.

“Pour ma part, je suis convaincue que si nous nous tournons vers la fiction post-apocalyptique, ce n’est pas parce que nous sommes attirés par le désastre en soi, mais parce que nous sommes attirés par ce qui, dans notre esprit, risque fort de se produire. Nous aspirons en secret à un monde moins technologique.”

Nous parlons donc d’une faille dans le flux temporel, qu’Emily St. John Mandel va amener petit à petit, se concentrant d’abord sur la réaction de chacun et chacune à cet étrange événement. Voyage dans le temps et monde parallèle pourraient être des réponses à l’apparition des violons et de la berceuse mais aussi la possibilité d’une simulation dans laquelle nous serions. Cette théorie n’est pas nouvelle et Hervé le Tellier (pour ne citer que lui) l’a abordé dans L’Anomalie. Cela nous questionne sur l’existence, sur les époques que nous traversions et surtout sur notre humanité, sujet plus présent dans la dernière partie du récit.

En attendant, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette histoire, très intime, avec un récit qui se déroule et déploie avec beaucoup de subtilité l Une mention spéciale pour le personnage d’Olive, l’écrivaine, qui vit avec cette peur. Il semble y avoir un petit côté autobiographique – que je ne peux pas confirmer ne connaissant pas son histoire.

Un roman tout en douceur donc pour cette rentrée et tout en musique.

Rivages (23 août 2023) – Imaginaires – 298 pages – 22 € – 9782743660499
Traduction : Gérard de Chergé (Canada)
Titre Original : Sea of Tranquility (2022)
Couverture : Kasia Derwinska

Quel est cet étrange phénomène qui semble se produire à diverses époques et toujours de la même façon Dans les bois de Caiette, au nord de l’île de Vancouver, des gens entendent une berceuse jouée au violon, accompagnée d’un bruissement évoquant un engin volant qui décolle. L’expérience est intense mais brève, au point que l’on pourrait croire à une hallucination.

En 2401, sur une des colonies lunaires, l’Institut du Temps veille à la cohésion temporelle de l’univers. Une brillante physicienne nommée Zoey s’interroge sur des anomalies qui la perturbent. Le monde tel qu’il existe ne serait-il qu’une simulation ? Malgré ses réticences, elle charge son frère d’enquêter et donc de remonter l’axe du temps. A ses risques et périls.


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