Les éditions de la Volte nous propose en cette rentrée littéraire La Ville des Histoires de Jeff Noon qui se déroule dans le même univers qu’une autre aventure mettant en lumière le détective John Nyquist à savoir Un Homme d’ombre. Pour autant, la non-lecture du précédent roman de l’auteur n’est absolument pas un frein et vous allez pouvoir découvrir là un roman étrange et riche.
Soyez les bienvenu·e·s à Histoireville
qui comme son nom l’indique est la ville des histoires. Et cela va bien au-delà d’une simple vu de l’esprit et du nommage des rues au nom des plus grands écrivains. Chaque mot de vocabulaire s’inscrit dans cette dynamique et chacun·e parle de sa vie comme une histoire qui intéragit avec de nombreuses autres histoires, imbriquant leurs vies au sein des autres. Le vocabulaire lui-même est adapté “une histoire terminée” correspondant à la mort de la personne par exemple.
Chaque mot de chaque page du livre s’était maintenant envolé. Tous volaient autour de la salle, une nuée de lettres, un nuage de phrases. Les gens regardaient le spectacle avec admiration. Une adolescente essaya d’attraper un mot qui passait, sans y parvenir : le mot était trop rapide pour elle.
C’est alors qu’il essaie de s’intégrer à son nouvel environnement, que le détective John Nyquist se voit confier une mission de filature qui l’emmènera dans un quartier étrange de la ville. Le résultat est qu’il se retrouvera mêlé à la mort de la personne qu’il suivra, bien qu’il n’en garde qu’un souvenir que très partiel. A partir de là, rien ne va plus vraiment pour lui et il va devoir composer avec des histoires qui ne se terminent pas toujours bien. Il va devoir aller dans les recoins les plus sombres de cette ville, traquer l’auteur de ce texte qui semble à l’origine de nombreuses maladies, le Corps Bibliothèque, tout en composant avec la police des histoires, garante de la cohérence globale de toutes les histoires.
Un récit plein d’originalité
C’est la première chose qui ressort de ce titre de La Volte. Le récit est étrange et nous mène sur des chemins entre fiction et réalité, nous laissant toujours sur le fil de la compréhension. A de nombreuses reprises, j’ai relu un passage pour essayer de percer le mystère du Corps Bibliothéque, ce récit écrit par un auteur inconnu qui semble affecté toute la ville.
Le personnage de John semble complètement perdu dans ce monde dont il ne maîtrise a priori pas les codes, et il se retrouve totalement brinquebalé d’une histoire à l’autre, victime d’un mal que personne ne comprend.
Ce qui fait la richesse du récit, c’est ce côté imprévisible, cette volonté de faire d’Histoireville, la ville de toutes les histoires, nous mettant nous, lecteur, dans la position inconfortable de ne pas maîtriser plus que cela le récit.
Ce roman est définitivement riche, que ce soit en rebondissement ou en créativité… Et il est exigeant en terme de lecture : c’est une histoire qui se mérite et qui vous demandera de l’implication et une capacité à réévaluer votre vision page après page.
Il est à noter que du côté de La Volte La ville des histoires est avec Tè Mawon le roman mis en avant dans le cadre du Mois de l’Imaginaire.
La Volte (Septembre 2022) – 382 pages – 22 € – 9782370491985
Traduction : Christel Gaillard-Paris (Angleterre)
Titre Original : The body library (2018)
Couverture : Corinne Billon
À Histoireville, tout le monde écrit et peut être happé dans les récits des autres. Mais certaines histoires ne sont pas bonnes à raconter. C’est ce que comprend le détective John Nyquist, qui se réveille à cîté du cadavre de l’homme qu’il filait. Les agissements passés de la victime le hantent et l’entraînent de plus en plus loin dans le Corps bibliothèque, récit écrit par un mystérieux auteur, qui infeste ses protagonistes au point de menacer la ville toute entière. Aller au bout de l’intrigue et en découvrir l’origine devient alors le seul moyen de trouver un remède au virus des mots.