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L’antre de Brian Evenson

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L’auteur Brian Evenson va être à l’honneur en ce mois de janvier puisque ce sont deux textes qui seront publiés : un roman Immobilité chez Rivages, deuxième roman dans la collection Imaginaire après L’île de Silicium de Chen Qiufan, et L’Antre donc chez Quidam édition, une novella d’un peu plus de 100 pages.

Dans quel monde vivons-nous ?

Nous voici en présence d’un rapport fait par ce que qui semble être le dernier survivant de notre planète. Le rédacteur de ce rapport semble être le dernier humain en vie, avec une pleine conscience que le monde à la surface n’est pas vivable. Raison pour laquelle notre narrateur reste cloîtré dans ce qu’il appellera lui-même l’Antre. Un lieu souterrain, dans lequel il semble n’avoir pour seul interlocuteur qu’un terminal qui répond à ses questions quand il en a.

Une fois planté ce décor, Brian Evenson va commencer à semer des graines qui vont nous questionner sur ce qu’est (ou ce que n’est pas) le résident de l’Antre. Voulant savoir si d’autres personnes ont quitté l’Antre et la durée de la survie à l’extérieur, il se voit répondre de définir avec plus de précision ce qu’il entend par “personne” et la simplification de la définition va nous amener à percevoir que le narrateur n’est lui-même pas une “personne” au sens biologique.

C’est qui poussera finalement notre héros à sortir de sa tanière pour aller à la recherche de la dernière personne à être sortie de l’Antre et à y avoir survécu… Cette sortie lui permettra de tomber sur Horak, cryogénisé, et qu’il réveillera pour en savoir plus sur lui et sur ce qui a pu se passer.

Mais ce réveil va avoir de nombreuses conséquences, et va entraîner une série d’événements qu’il était bien difficile d’anticiper.

Humain ou personne ?

Tout au long du récit, la question de l’humanité sera posée : l’auteur s’évertue à différentier la personne de l’humain. Quels sont les critères qui déterminent l’un par rapport à l’autre ? Dès les premières pages, nous sentons que cette thématique sera centrale, le personnage principal se questionnant sur ce qu’il est, sur son passé, et sur ce que sera son avenir. Il était pétri de certitudes, persuadé d’être une personne et probablement la dernière personne en vie. Mais les événements vont chambouler sa réalité, le questionner sur son historique.

Et tu prétends que c’est la même chose ? Être humain et être une personne ?

Il se rendra d’ailleurs compte à un moment que toute sa connaissance n’est que le fruit de la succession de transfert oral de l’histoire. Ce qu’il sait vient de ce qu’on lui a confié : dans quelle mesure sa vision du monde est-elle réelle ? à quel point le monde tel qu’il l’imagine est ou n’est pas biaisé par la retranscription qu’on lui en a faite ?

Rapidement dans le récit, nous allons voir l’esprit de notre narrateur vacillé, incapable de traduire les informations qui lui arrivent et les incohérences de sa vie. Parmi ces éléments qui vont le chahuter est le sang : l’homme saigne mais est-il normal que lui saigne jaune alors que Horak saigne rouge ?

Cette novella est vraiment étrange à lire, percutante dans le propos et dans le questionnement sur l’humanité, la transmission du savoir et l’impact sur la réalité des biais et croyances… Un récit sombre et peu optimiste finalement sur notre avenir mais passionnant à découvrir.

Quidam Editeur (05 janvier 2023) – 110 pages – 14 € – 9782374912929
Traducteur : Stéphane Vanderhaeghe (Etats-Unis)
Titre Original : The Warren (2016)
Couverture : Hugues Vollant

L’antre, un lieu sous terre où il se réveille. Dehors, l’air est irrespirable. Pourtant, il va devoir sortir. Sa survie semble être à ce prix. Mais qui est-il ? Est-il aussi seul qu’il le pense ? Et d’où lui viennent les souvenirs qui le hantent ? Le terminal qu’il interroge possède peut-être quelques-unes des réponses aux question qu’il se pose. Mais le terminal a aussi une question à lui poser : qu’entend-il par ce mot de personne ?


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