Cycle en deux volumes

Alors que Romain Lucazeau, dont a été chroniqué La Nuit du Faune, sera un des invités du Salon BienVenus sur Mars (06 avril 2024 au Mans), l’occasion était excellente pour moi de rattraper mon retard, vu que je n’avais pas lu Latium dont j’avais entendu le plus grand bien. Me voici donc embarqué dans un un futur lointain où l’humanité semble absente….

Un futur sans l’espèce humaine…

Nous sommes ici dans un space-opéra qui se situe dans un futur indéterminé mais lointain. Ce que nous découvrons est un univers, le Latium, dans lequel l’Humanité a disparu, du fait de l’Hécatombe dont nous ne savons pas grand chose. Pour autant, ses créations ont survécu dans ce qui semble être une survivance d’un Empire Romain qui aurait étendu son emprise aux quatre coins des galaxies.

Les créations en question sont des intelligences artificielles, qui se sont installés dans de grandes nefs stellaires et restent soumises à un ensemble de règles, le Carcan, qui ne sont pas sans faire penser aux lois de la robotique édictées par Isaac Asimov. Avec l’Humanité disparue, elles se retrouvent donc soumises à des règles qui n’ont plus de sens, qui les empêchent de se protéger contre des agressions externes, si celles-ci sont du fait d’êtres biologiques.

La plupart des intelligences artificielles, composées de noèmes majeurs et mineurs, ont choisi des stratégies différentes pour répondre à l’absence de l’Humanité, certaines espérant toujours un retour de l’Homme pendant que d’autres tentent de faire tomber les barrières qui ont perdu leur sens depuis que les créateurs n’existent plus. Ces derniers s’inquiètent notamment des conséquences de ces règles alors même qu’un signal laisse à penser qu’une invasion pourrait avoir des conclusions funestes sur ces IA.

Nous suivons plus particulièrement Plautine qui a toujours l’espoir de voir l’Homme de retour et Othon qui a réussi à recréer une espèce biologique…

… dans un texte riche et ambitieux

Ce qu’il faut tout d’abord précisé, c’est que ce roman demande à ce que le lecteur ou la lectrice s’implique : le texte est empreint de référence à l’époque romaine, depuis les personnages jusqu’à l’organisation politique. A ce titre, Romain Lucazeau multiplie les notes de bas de page, qui permettent à ceux et celles qui n’ont pas cette connaissance de réussir à s’imprégner de l’ambiance et du contexte… même si parfois, j’ai trouvé ces références sont peut-être un peu trop nombreuses et nuisent à la trame générale.

Cet univers que nous propose l’auteur est original par le choix de nous questionner sur ces règles qui persistent, alors que la raison de leur création n’est plus ? Quel est l’intérêt du carcan, qui protègeait l’humanité contre ses créations, à partir du moment où les créateurs n’existent plus ?

Au-delà de ces questions, de nombreuses thématiques propres à la SF sont présentes, la première étant bien sûr cette opposition entre homme et machine, que nous voyons tout spécialement dans ce qu’est et ce que devient Plautine. Le questionnement qui en découle concerne tout autant la mort, et par conséquent le vivant avec ce questionnement de certaines I.A. qui peuvent passer d’un corps à un autre.

La manipulation génétique et sa dérive eugénique, ressortent très fortement des actions d’Othon et sa race d’homme-chiens dont je vous laisserai découvrir la raison d’être.

Latium est donc un roman à découvrir, très philosophique, qui souffre – peut-être – d’un peu plus d’action pour dynamiser l’ensemble.

Il est à noter que le roman à reçu le Grand Prix de l’Imaginaire, le Chrysalis award et le prix Futuriales révélation.

Folio SF (Septembre 2018) – 550 pages & 616 pages 9,90€ & 10,40€ – 9782072792939 & 9782072792984
Couverture : Manchu

Volume 1 : Dans un futur lointain, l’espèce humaine a succombé à l’Hécatombe. Reste, après l’extinction, un peuple d’automates intelligents, métamorphosés en immenses nefs stellaires. Orphelins de leurs créateurs et dieux, esseulés et névrosés, repliés dans l’Urbs, une inéluctable invasion extraterrestre, à laquelle leur programmation les empêche de s’opposer. Plautine est l’une d’eux. Dernière à adhérer à l’espoir mystique du retour de l’Homme, elle dérive depuis des siècles aux confins du Latium lorsqu’un mystérieux signal l’amène à reprendre sa quête.

Volume 2 : Dans un futur lointain, l’espèce humaine a succombé à l’Hécatombe. Reste, après l’extinction, un peuple d’immenses nefs stellaires, confrontées à une redoutable invasion extraterrestre.
Plautine fut l’une d’elles. A présent réduite à un corps unique, hantée par de mystérieuses réminiscences, elle accompagne Othon, automate obsédé par sa propre gloire, dans l’Urbs, siège du pouvoir impérial. Mais le complot qu’elle y met au jour dépasse ses pires craintes. Réfugiés à bord du vaisseau géant Transitoria, traqués par leurs ennemis, Plautine et Othon se lancent dans une quête métaphysique dont l’enjeu n’est autre que le retour du dernier homme.