Christophe nous l’avait promis : il avait l’idée d’un tryptique sur un roman en mode dialogue / théâtre… Le premier d’entre eux, L’Homme Canon nous questionnait par rapport à la société de l’immédiateté, l’information continue et cette vitesse qui nous fait prendre de la distance par rapport à la réflexion, un recul que le personnage de l’Homme-Canon nous permettait de prendre. Dans le second, Carnum, Christophe nous questionnait d’une part par rapport à la société de consommation et d’autres part concernant notre rapport à l’alimentation, au travers d’un cannibalisme librement consenti.
Le dernier titre paru aux éditions Au Diable Vauvert nous questionne sur l’Amour, dans une vision qui ne nous laissera pas indifférent…
Shelly et Terry, deux déçu·es de l’amour.
Tout commence par la rencontre de deux personnalités qui ne semblent pas trouver leur bonheur. Comme beaucoup de personnes toutes générations confondues, il leur ai difficile de trouver l’âme sœur. Mais d’applications en rendez-vous, rien ne semble coller à ce qu’il et elle sont, à leur vision de l’amour. Ils vont se retrouver tous les deux malgré tout sur une même table pour un nième rendez-vous duquel ils n’attendent pas grand-chose.
L’état n’est pas une abstraction, chérie, c’est une entité palpable, tentaculaire sans doute, mais porteuse d’humeurs, de grandeur et de bassesse, comme n’importe lequel des soixante-huit millions de Français qui le composent.
Ils discutent, se trouvant loin l’un de l’autre et puis au final, ils vont finir par trouver un terrain d’entente, une folie dans la façon de voir le couple, une hérésie pour beaucoup, mais c’est leur histoire. Maintenant, ils vont la construire, tenter de résister aux tentations qui pourraient remettre en question la force de leurs engagements.
Une nouvelle belle critique de notre société.
Au travers de l’histoire de nos deux tourtereaux, c’est notre vision de l’amour qui est questionné. Nous allons être les témoins d’abord de leur découverte mutuelle, une découverte platonique tant ils mettent chacun, chacune leur vision de la réussite dans leur couple. Cette vision tend à rendre leur couple éternel, et sûr.
C’est un couple qui vit sur lui-même, n’échangeant peu ou pas sur cette vision, craignant d’être pris pour un couple improbable, halluciné et/ou illuminé. Pourtant, cela semble marcher, mais cette particularité qu’ils ne partagent pas les renferme sur leur couple, les rend étanche au monde qui les entoure. La rencontre avec la fille de Shelley va être un moment savoureux, entre deux visions du couple qui s’affrontent, les parents étant ensemble depuis longtemps désormais
Et lorsque l’improbable se produit, un improbable que je ne vous décris pas, ne souhaitant pas gâcher le plaisir de la découverte, c’est tout une vision de l’humanité qui va basculer. De surprise en surprise, Christophe va nous permettre de nous questionner sur l’individu au sein du couple, mais aussi sur la définition de la parenté ou encore sur ce qui fait l’hérédité. Car est-ce que l’individu est composé de 50% de la mère et 50% du père ou la répartition est plutôt en 3 tiers, le dernier étant la spécificité de l’individu ?
En complément de cette question, l’administration et la reconnaissance de l’individu par la société se retrouve central de la deuxième moitié du récit. A noter que la question de la manipulation de l’information pointera aussi le bout de son nez, bien sûr pour notre bien à tous et toutes.
Toujours avec la même mécanique, à savoir un récit dialogué, Christophe nous projette au cœur de l’action, au cœur de l’âme de ses personnages, dans un texte qui est certes court, mais oh combien passionnant.
Les trois récits sont pour moi des immanquables de ces dernières années.
Au Diable Vauvert (Janvier 2024) – 176 pages – 18,50 € – 9791030706574
Lassés de l’aspect classique du couple, Shelley et Terry partent en quête de l’amour absolu.
Ils mettent alors en place une expérimentation fusionnelle qui les conduira à transformer en totalité leur identité.