Les tambours du Dieu noir est un recueil de deux nouvelles de l’auteur américain Phenderson Djèli Clark, toujours aux éditions de L’Atalante. La première nouvelle Les Tambours du Dieu Noir se déroule à la Nouvelle-Orléans quand L’Etrange Affaire du djinn du Caire nous emmène en Egypte.
Deux histoires radicalement différentes qui montrent l’étendue de sa connaissance de l’histoire et le plaisir qu’il prend à la manipuler pour en faire des uchronies ou histoires alternatives passionnantes.
Les Tambours du Dieu Noir
Pour cette première nouvelle, l’auteur nous transporte en Louisiane, à la Nouvelle Orléans pour être totalement précis, en 1880. Il est important de préciser que le guerre de Sécession n’a pas eu la même sortie que l’histoire que nous connaissons, et que la Nouvelle-Orléans, indépendante, a arrêté l’esclavage. Cette situation n’étant pas sans rapport avec le fait que Toussaint Louverture n’ait pas été défait par Napoléon, mais que bien au contraire, il a réussi à renvoyer l’Empereur en France. Dans ce monde alternatif, la technologie a fortement progressé et le ciel de la Nouvelle-Orléans est empli de ballon qui ressemble plus à des navires.
La situation de la Nouvelle-Orléans est donc très particulière et pas du goût de tout le monde… Ce qui naturellement va entraîner un certain nombre de complots pour essayer de changer la situation de la ville et de l’Etat.
C’est dans ce contexte de complot que débarque la jeune “LaVrille”, pickpocket, qui apprendra par hasard qu’une arme est sur le point d’arriver, pouvant avoir un impact décisif sur la situation et la liberté acquise : les Tambours du dieu noir sont en effet ce qui ont pu rendre possible la victoire de Toussaint Louverture… Autant dire que cette nouvelle risque d’intéresser bien du monde !
Avec beaucoup de brio, Phenderson Djèli Clark nous décrit ce temps alternatif avec comme personnes centraux, deux femmes : LaVrille donc mais aussi Ann-Marie Saint Augustine, capitaine pirate qui jouera un rôle majeur dans l’histoire. L’auteur prend le temps de nous décrire ces deux personnages avec beaucoup de finesse et beaucoup de crédibilité malgré la brièveté de l’écrit.
Il est à noter que l’auteur a intégré du créole dans cette histoire, comme l’a fait en France Michael Roch dans Tè Mawon : je me permet de saluer ici le travail de Mathilde Montier, traductrice de ce court recueil, pour la qualité et le rendu de tous ces échanges.
L’Etrange Affaire du djinn du Caire
Changement d’ambiance total avec la deuxième nouvelle qui nous envoie au début du XXè siècle au Caire. Le monde la aussi a changé puisque les djinns, entre autres, sont désormais monnaie courante. Leurs talents en mécanique sont largement utiles pour permettre à l’Egypte de se développer et de figurer parmi les nations les plus puissantes.
Cette nouvelle donne oblige aussi à garder le contrôle sur les différentes créatures, raisons pour laquelle il existe au sein du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles des agent·e·s en charge des enquêtes sur ces domaines. C’est suite à la mort d’un djinn que Fatma el-Sha’arawi sera sollicitée pour enquêter sur la mort d’un djinn majeur.
Pensant d’abord à un suicide, l’enquêtrice s’étonnera rapidement d’un certain nombre de faits qui rendent cette réponse un peu facile.
On notera une nouvelle fois que l’auteur a mis en avant une femme en tant que personnage principal, ce qui était aussi le cas dans Ring Shout. Cette décision ne doit rien au hasard comme il nous l’explique dans l’échange que nous avons pu avoir durant les Utopiales.
Le récit est entraînant, passionnant et ce n’est pas donc pas étonnant que l’auteur rencontre le succès qu’on lui connait. A noter que deux autres titres, toujours à l’Atalante, sont dans le monde du Caire, dont nous vous parlerons bientôt : Le mystère du tramway hanté et Maître des djinns.
L’Atalante (Avril 2021) – Collection La Dentelle du Cygne – 137 pages – 12,90 € – 9791036000744
Traduction : Mathilde Montier (Etats-Unis)
Titre Original : The black god’s drum (2018) et A dead Djinn in Cairo (2016)
Couverture : Benjamin Carré
Bienvenue dans la première publication française d’un nouveau maître de l’uchronie et du surnaturel. Bienvenue dans les mondes mirifiques criants de réalisme, foisonnants de couleurs, de sons et de parfums, de Phenderson Djèlí Clark.
Louisiane. Années 1880. Tandis qu’une guerre de Sécession interminable démantèle les États-Unis d’Amérique, un complot menace La Nouvelle-Orléans, territoire indépendant libéré de l’esclavage, au cœur duquel les Tambours du dieu noir, une arme dévastatrice jalousement gardée, attisent les convoitises. Il faudra tout le courage et la ténacité de Jacqueline « LaVrille » – jeune pickpocket qui rêve de découvrir le monde –, ainsi que la magie ancestrale des dieux africains qui coule dans ses veines, pour se faire entendre et éviter le désastre.
Le Caire. 1912. Depuis une cinquantaine d’années, les djinns vivent parmi les hommes et, grâce à leur génie mécanique, l’Égypte nouvelle s’est imposée parmi les puissants. Ce qui ne va pas sans complications… Pour preuve l’étrange affaire du djinn du Caire, que se voit confier Fatma el-Sha’arawi – agente du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles – quand un djinn majeur est retrouvé mort. Suicide ? Trop évident. C’est une machination diabolique que Fatma va mettre au jour.
