Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

American Pandemonium de Benjamin Hoffmann

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Comme vous le savez (ou pas), nous participons à la 25ème Heure du Livre dans la commission imaginaire mais aussi dans le bureau de l’association. C’est à cette occasion que j’ai pu échangé avec Benjamin Hoffman, lauréat du prix 2022 coup de cœur de la 25è heure du livre pour L’île de la Sentinnelle, pendant que Claire Duvivier recevait le prix imaginaire Christine Rabin pour Citadins de demain.

Durant cet échange, il a partagé avoir écrit dans le genre du post-apo avec American Pandemonium. Un roman post-apo donc, qui se déroule aux Etats-Unis et nous propose un voyage dans un monde en fin de vie…

Sur la base d’une forme de fin du monde…

Avant de commencer à parler de l’histoire en elle-même, et de cette fuite à travers le pays de Marc et Colin, il est important d’expliquer un peu comment nous en sommes arrivés là…. Tout parallèle avec ce qui pourrait réellement se produire est évidemment totalement hors de propos. Néanmoins, tout commence par un conflit localisé, entre Israël et l’Iran qui entrent en guerre… Par le truchement des alliances et des soutiens, la situation se durcit un peu partout dans le monde, avec des tensions de plus en plus marqués entre les états. Et puis l’incroyable se produit, New-York est frappé par de nombreuses frappes.. Pourtant, les informations semblent contradictoires et Marc, qui est dans la zone de l’attaque, n’arrive pas à savoir si l’attaque est réelle ou non, les médias ne semblant pas d’accord… jusqu’à ce qu’il puisse le voir de ses propres yeux !

A défaut d’anéantir internet, ils l’ont pollué, encombré. Au milieu de cette prolifération délirante de fausses nouvelles, plus personne ne sait ce qui se passe vraiment

Alors, rien ne semble être réellement clair et notamment est-ce que seule la côté est des Etats-Unis a été touchée ? Marc ne le sait pas mais décidera de se joindre à la quête de Colin, celle de retrouver son frère, pour traverser les USA. Il en profitera pour devenir la mémoire vivante et l’écrivain de ses temps tourmentés en espèrant y trouver une forme de succès qui lui a échappé auparavant.

Tout au long de son chemin, il rencontrera différentes communautés, différent·e·s survivant·e·s, avec leur propre vision de ce que doit devenir la société et leur propre réaction face au drame qui a frappé le monde…

… l’auteur questionne notre société actuelle !

Nous allons donc suivre dans ce roman de Benjamin Hoffman Marc et Colin, deux hommes qui n’arrivent pas immédiatement à prendre la mesure des événements qui se déroulent. Dans cette période compliquée, nous voyons se développer, comme souvent dans les romans post-apo, des communautés qui prennent quelques libertés par rapport aux règles de société qui ont mis tant de siècles à se construire.

Rapidement, nous verrons comme première cible les médias et surtout le mode de fonctionnement des médias. Le roman date de fin 2015, soit un an avant la présidence Trump qui a mis énormément en lumière cette notion de Fake News… Pourtant, Benjamin parle déjà de ce traitement de l’information, entre surcharge d’information pour noyer la réalité et matraquage d’informations erronées, reprises en quantité et entraînant une perte de repères pour le commun des mortels.

Nous retrouvons aussi une réflexion sur la violence qui semble inhérente à la nature humaine (en tout cas de mon point de vue), avec cette société qui ne peut se construire – tout comme ce véhicule blindé géant – que par le sacrifice d’une partie de la population pour atteindre un objectif démesuré… Que ceux qui trouve un peu gros cette séquence se rappelle que le Mondial de football au Qatar s’est construit lui aussi au détriment de la vie d’un certain nombre d’ouvriers.

A côté de ça, ils ont trouvé le moyen de nous espionner tous sans exception pour éviter de nouveaux attentats, maintenant j’ose même plus envoyer des messages à ma femme : j’ai pas envie qu’un mec à Sunnyvale soit au courant de mes problèmes de couple.

La politique aussi est pointé du doigt avec ces manigances pour garder la main sur le peuple et éviter toutes formes de contestation. La proximité justice / politique, très marquée en fin de roman, doit nous rappeler la vigilance que nous devons avoir pour nos libertés. Il est aussi question du contrôle des populations, bien entendu pour leur bien et pour lutter contre le terrorisme (encore une fois, toute ressemblance…)

N’oublions pas la forme non plus, ce récit se révélant particulièrement poétique par moment, tout en gardant la dureté de certaines scènes : un style riche, un récit bien construit et des personnages très crédibles dans un monde en plein effondrement.

Bref, un roman publié L’Arpenteur il y a quelques années et qui est totalement d’actualité aujourd’hui encore. A (re)découvrir !

L’Arpenteur (Décembre 2015) – 377 pages – 23,50 € – 9782070142279

Marc et Colin vivent de nos jours aux États-Unis lorsque Israël et l’Iran entrent en guerre. Irrésistiblement, le monde est pris dans un engrenage militaire aux conséquences apocalyptiques. Un bombardement frappe New York et le chaos se répand à travers le pays. Colin part à la recherche de son frère, dont il ignore s’il est encore en vie, accompagné par Marc, un auteur persuadé de tenir le sujet du grand livre qu’il n’est jamais parvenu à écrire. Leur quête les mène dans une communauté assiégée au sud de Boston puis dans les ruines de Détroit où ils sont enlevés par les bâtisseurs du Béhémoth, une machine colossale dont ils veulent faire l’instrument de leur domination sur ce qui reste des États-Unis…


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